ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Adapter l'école au rythme de l'enfant

La concertation s'ouvre aujourd'hui

Adapter l'école au rythme de l'enfant

Par Afsané Sabouhi

Semaine de cinq jours, journées raccourcies, la concertation sur la refondation de l’école devrait réaménager le temps scolaire. En privilégiant la santé des élèves ? Médecins et parents veulent y croire.

SUPERSTOCK/SIPA

Si les écoliers vont délaisser ce soir leur cartable pour 2 mois de grandes vacances, le ministre de l’Education nationale et les parties prenantes du secteur ne sont pas prêts de boucler les leurs. Vincent Peillon ouvre en effet aujourd'hui la concertation sur la refondation de l’école de la République. Ces semaines de discussions doivent servir de socle à l’écriture d’un projet de loi prévu pour l’automne. Parmi les sujets qui fâchent régulièrement sans jamais aboutir : les rythmes scolaires.
Pour les chronobiologistes et les pédiatres, la France a tout faux depuis des années, sur la longueur des journées, sur l’organisation de la semaine et sur le rythme des vacances. Principale cible des critiques du corps médical depuis sa généralisation en 2008: la semaine de 4 jours. Formule idéale pour les départs en week-end familiaux, cette coupure de fin de semaine de 2 jours désynchronise pourtant totalement l’horloge biologique des enfants. Résultat, le lundi, ils sont dans le même état qu’un adulte de retour de voyage, en plein jet lag !

Pr Yvan Touitou, chronobiologiste et membre de l’Académie de Médecine : « La semaine de 4 jours est un contre-sens biologique total »



L’autre transformation prioritaire sur laquelle se rejoignent médecins et parents, c’est la longueur des journées. La Conférence nationale des rythmes scolaires préconise, dans les recommandations remises au ministre précédent Luc Chatel, de conserver des horaires d’entrée et de sortie réguliers de la maternelle au collège du type 8h30-17h tout en réduisant, dans cette plage horaire, le temps effectif de classe. Actuellement, ce temps consacré aux apprentissages est de 6h pour un écolier, sans compter l’aide aux devoirs après 16h30 et les 2h hebdomadaires en petit groupe pour les élèves en difficulté.

Jean-Jacques Hazan, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) : « 5h de classe par jour pour les écoliers, 6 au collège et 7 au lycée, pas plus ! »



Une position partagée par le Pr Touitou pour qui ces durées doivent recouvrir l’intégralité des apprentissages de la journée, autrement dit leçons et devoirs compris.

Pour mener à terme les mêmes programmes en raccourcissant les journées, ce sont les vacances d’été qu’il faudrait raccourcir. Les grandes vacances pourraient passer de 8 à 6 semaines. En revanche, pas touche aux petites vacances !
Les spécialistes insistent sur l’importance d’une vraie coupure régulière de 2 semaines toutes les 7 semaines travaillées. Vincent Peillon s’inscrit dans ce schéma puisqu’il a d’ores et déjà annoncé que les vacances de la Toussaint dureraient 15 jours et non plus 10 dès cet automne. Cette décision et sa prise de position contre la semaine de 4 jours sont perçues comme autant de signes positifs par les parents d’élèves et le corps médical. L’Académie de Médecine a ainsi salué ce premier pas et enjoint le ministre à ne pas s’en tenir là.

Autour de la table de cette concertation sur la refondation de l’école, tous n’auront pas le même enthousiasme. Même les enseignants restent pour le moment prudents face à cette éventuelle modification des rythmes scolaires au profit de leurs élèves, redoutant qu’elle soit déconnectée de la question des contenus des programmes et de la reconnaissance de leur propre temps de travail hors de leur classe.
Les collectivités locales, qui devront supporter, au moins en partie, le financement des activités périscolaires complémentaires au temps de classe raccourci, risquent de faire grise mine. Sans parler de l’industrie du tourisme qui a déjà fait part de son mécontentement concernant les vacances de la Toussaint.
En attendant que tous se mettent enfin d'accord, que les écoliers se rassurent. Si leurs grandes vacances doivent être écourtées, ce ne sera qu'à partir de la rentrée 2013.