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Mutilations

Le "dentiste boucher" sera jugé en France

Par Marion Guérin

Mark van Nierop, le dentiste néerlandais accusé d'avoir mutilé ses 2800 patients à Château-Chinon, devra répondre de ses actes devant la justice française. Les Pays-Bas ont extradé le prisonnier ce jeudi.

PIRARD/ISOPIX/SIPA
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Le « dentiste boucher » est de retour en France. Mark van Nierop a été extradé ce jeudi par les Pays-Bas, son pays d’origine, où il est emprisonné depuis plusieurs mois. Accusé d’avoir mutilé ses quelque 2800 patients, il doit être présenté dans la soirée à un juge d'instruction de Bourges.

"Anesthésies de cheval", mâchoires disloquées
Ce Néerlandais de 50 ans exerçait à Château-Chinon, dans la Nièvre, entre 2008 et 2013, avant d’être mis en examen par la justice française pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation permanente », « escroquerie » et « faux et usage de faux ». Les faits reprochés sont particulièrement sordides.

Mark van Nierop pratiquait des « anesthésies de cheval », selon les témoignages. Une fois le patient assommé, il les aurait opérés en faisant fi des règles basiques d'hygiène et d'asepsie. Dans leurs gencives, certains ont retrouvé des bouts de fraise et de roulette, ou des morceaux de pansements. Le dentiste aurait disloqué des mâchoires, cousu des gencives avec la joue, arraché des dents saines sans motif médical - le tout, bien entendu, surfacturé.

Les victimes du « dentiste de l’horreur », tel que le surnomment les médias, ont souffert de troubles variés, allant « d'un début de septicémie à l'infarctus en passant par toutes sortes de problèmes dentaires », précise le collectif dentaire de la Nièvre, qui rassemble une centaines de plaignants. Pour limiter l’apparition d’abcès et d’infections, le praticien aurait prescrit des antibiotiques à très hautes doses.

Un messie dans un désert médical
Pourtant, à son arrivée dans la région, en 2008, il avait été accueilli en sauveur. A Château-Chinon, en plein désert médical, on n’avait pas vu de dentiste depuis deux ans. Pour répondre aux besoins de la population, le conseil général de la Nièvre avait mandaté un chasseur de têtes néerlandais particulièrement mal renseigné. En effet, Mark van Nierop avait déjà été poursuivi en 2003 dans son pays pour des faits similaires. Depuis, il se faisait oublier.

Après sa mise en examen, le dentiste a pris la fuite au Canada, en décembre 2013. Il aurait rencontré une femme sur Internet et aurait voulu s’installer avec elle, selon la presse locale. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il a été rapatrié aux Pays-Bas.

Mark van Nierop a toujours refusé son extradition en France. Il s’est accusé du meurtre de sa première femme, qu’il aurait commis en 2006. L’enquête est toujours en cours. L’homme dit souffrir de « problèmes psychologiques » dont des « problématiques d'identité sexuelle et tendances suicidaires » nécessitant un traitement particulier disponible, selon lui, uniquement aux Pays-Bas. Un argument peu convaincant pour les juges, qui ont validé son transfert.