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Bisphénol S

Bisphénol A : le produit de substitution tout aussi dangereux

Par la rédaction

Après le scandale du Bisphénol A, de nombreuses entreprises ont remplacé cette molécule par son cousin, le Bisphénol S. Une étude publiée dans PNAS montre que ces deux molécules ont des effets délétères sur le développement des embryons.

GILE MICHEL/SIPA

En 2006 éclatait le scandale du Bisphénol A (BPA). Des scientifiques réunis alors en colloque rédigent le Consensus de Chapel Hill sur le BPA, qui sera publié quelques semaines plus tard dans la revue Reproductive Toxicology, et dans lequel ils révèlent que « plus de 95 % de la population échantillonnée est exposée à des doses suffisantes de BPA pour qu'il soit prévisible ». La France bannira le BPA dans les biberons en juin 2010.

Le grand public découvre alors que cette substance chimique, utilisée aussi bien dans les bouteilles d’eau que dans les biberons pour les bébés, peut entraîner obésité, diabète et troubles de l’attention ou de la fertilité. Depuis, de nombreux produits « sans Bisphénol A » ont fait leur apparition. Mais une nouvelle étude, publiée dans la revue PNAS vient de montre que le substitut au Bisphénol A (BPA), le Bisphénol S (BPS), pourrait être aussi dangereux que son cousin. 

Bisphénol S affecte autant le développement de l'embryon que le bisphénol A

Afin d’arriver à ces résultats, Deborah Kurrasch - chercheuse de l'Université de Calgary (Province d'Alberta) et principale auteur de l’étude - a exposé des embryons de poissons-zèbres, un modèle de recherche très utilisé car ils partagent 70 % de leurs gènes avec les humains, aux concentrations de BPA et BPS trouvés dans les rivières canadienne Oldman et Bow, dans l'Alberta. Résultats ? Ces expositions ont modifié le moment de la formation et la quantité de neurones dans le cerveau de ces poissons-zèbres.

L’étude montre que l’exposition au BPS a affecté le développement neurologique prénatal des poissons-zèbres autant que le BPA. L’étude indique que des traces de bisphénol S ont été découvertes dans 81 % de la population.

Cette première étude ne traite pas de l’exposition des jeunes enfants au BPS, mais ses conclusions laissent craindre un nouveau scandale sanitaire, tant son utilisation est démocratisée. En effet, après la découverte du scandale du BPA, de nombreuses entreprises avaient remplacé cet ingrédient chimique dans leurs produits par le BPS. « Tout le monde pensait que c’était une grande victoire », a ainsi expliqué le Dr Deborah Kurrasch au Huffington Post. La chercheuse et son équipe appellent désormais à « un sursaut afin d'enlever tous les bisphénols de nos biens de consommations ».