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Délinquant sexuel

Belgique : un délinquant sexuel sera euthanasié à sa demande

Incarcéré depuis trente ans pour viols et homicide, Frank Van Den Bleeken sera euthanasié à sa demande en fin de semaine, au terme d’une vive polémique.

Belgique : un délinquant sexuel sera euthanasié à sa demande Capture d'écran Youtube




Il mourra à la fin de cette semaine, par injection létale. Frank Van Den Bleeken sera euthanasié le dimanche 11 janvier à la prison de Bruges, annonce le journal De Morgen. La justice a décidé d’accéder à la demande de ce détenu de 51 ans, qui purge sa peine pour viols et homicide depuis près de 30 ans.

"Souffrances psychiques insupportables"
Car Frank Van Den Bleeken se dit atteint d’une pathologie incurable. Il ne souffre ni d’un cancer en phase terminale, ni d’une tétraplégie complète ; mais bien de pulsions sexuelles irrépressibles, qui lui causent, selon sa formule, des « souffrances psychiques insupportables et sans espoir de guérison ». Des propos confirmés par plusieurs expertises psychiatriques.

Un peu plus tôt, le prisonnier avait demandé son transfert aux Pays-Bas, dans un centre thérapeutique spécialisé dans ce type de profil. Mais la Cour d'appel de Bruxelles avait jugé que le ministère de la Justice n'était pas compétent pour décider de son transfert à l'étranger. Du coup, Frank Van Den Bleeken a choisi la mort. Il estime être un danger pour la société. Il a toujours refusé sa libération anticipée, par peur, selon son avocat, de faire de nouvelles victimes.

"Je suis un être humain"
« Je suis un être humain et quoi que j’aie fait, je reste un être humain. Donc oui, donnez-moi l’euthanasie », implorait-il depuis sa cellule il y a quelques mois. En 2011, le détenu a intenté une procédure pour mettre fin légalement à ses jours. Finalement, les juges ont estimé que son cas correspondait aux conditions médicales et légales pour l’euthanasie.

En effet, la loi belge de 2002 stipule que « le patient doit être capable et conscient au moment de sa demande » et que « sa demande écrite doit être formulée de manière volontaire, réfléchie et répétée ». Le patient doit se trouver « dans une situation médicale sans issue », dans laquelle « la souffrance physique et/ou psychique est constante, insupportable et inapaisable ». Dans le cas Frank Van Den Bleeken, il s’agirait donc d’une pathologie psychiatrique incurable.

>> Regarder le reportage de 6Médias à la suite de la décision de justice

Vif débat
Loin d’être évidente, la décision de la justice a provoqué un vif débat en Belgique. Jean-Paul Van de Walle, avocat au barreau de Bruxelles, écrit ainsi dans le quotidien La Libre Belgique : « Frank Van Den Bleeken n’a pas la lucidité d’esprit lui permettant de comprendre ses méfaits ni de subir la peine… mais aurait la lucidité "suffisante" pour demander validement l’euthanasie ? Que le lecteur veuille bien m’excuser d’émettre un sérieux doute à cet égard ».

Même les partisans de la mort assistée ont dénoncé une dérive du droit à mourir. Le président de la commission belge de contrôle sur la mort assistée, le cancérologue Wim Distelmans, a ainsi refusé d'euthanasier Frank Van Den Bleeken. « Tout le monde a droit aux soins palliatifs, a-t-il déclaré au journal flamand Het Laatste Nieuws. Aux Pays-Bas, un traitement thérapeutique était possible. On n'a pas été au bout du dossier. Éthiquement, nous faisons fausse route si nous lui accordons l'euthanasie ».

Vers le suicide assisté ?
De son côté, la sénatrice belge Christine Defraigne, co-auteure de la loi sur l’euthanasie des mineurs atteints d’une maladie incurable, a estimé qu’une ligne jaune avait été franchie. « A-t-on tout tenté ? La castration chimique n’était-elle pas adaptée puisque sa souffrance semble être liée au fait d’être considéré comme violeur incurable et à la peur de recommencer ? Dans ce cas, on fait peut-être une interprétation extensive de la loi : il s’agit davantage ici d’un suicide assisté – qui n’est pas légal en Belgique – que d’une euthanasie », s’est-elle exprimé dans les pages de Libération.

Pour beaucoup, cette affaire reflète surtout l’incapacité du système pénitentiaire à répondre aux besoins de traitements des personnes incarcérées, et l’absence totale de suivi psychologique et psychiatrique des prisonniers. Une carence dont semble avoir conscience Frank Van Den Bleeken.

"Il y en aura d’autres après moi"
« Je serai en dehors de cette société. Mais il y en aura d’autres après moi. Faites quelque chose, enjoint-il à la télévision belge, en larmes, du fond de sa cellule. Lorsque vous internez des gens et qu’ils ont commis un délit sexuel, aidez-les à vivre avec cela. Laisser quelqu’un simplement derrière des portes fermées, avec cela… On n’aide personne : ni la personne elle-même, ni la société, ni la victime ».

D’après De Morgen, Frank Van den bleeken quittera vendredi sa cellule de la prison de Turnhout, pour se rendre à l’infirmerie de la prison de Bruges où l’injection létale aura lieu deux jours plus tard. Selon le journal belge, depuis cette procédure judiciaire inédite, au moins 15 autres prisonniers ont suivi l’exemple de Van Den Bleeken.

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