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Tabous médicaux

Vie sexuelle après l’infarctus : les patients mal renseignés

Par Suzanne Tellier

Après une attaque cardiaque, les médecins délivrent trop peu de conseils sur la reprise d’une activité sexuelle, selon une étude. Pourtant, les patients sont en demande.  

OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA
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Même en médecine, le corps a ses tabous. Selon une étude parue dans la revue Circulation, les médecins ne prodiguent pas de conseils sur la vie sexuelle des patients victimes d’une crise cardiaque. Et pourtant, ces derniers se posent des tas de questions. Car de fait, les troubles cardiaques peuvent peser sur la vie sexuelle des couples.

Des restrictions « conservatrices »
Les chercheurs ont interrogé 3501 patients âgés de 48 ans en moyenne, hospitalisés pour une crise cardiaque dans 127 hôpitaux aux Etats-Unis et en Espagne. Or, il apparaît que seules 12% des femmes et 19% des hommes ont reçu des conseils médicaux sur leur sexualité, alors que la plupart avaient une vie sexuelle active dans l’année précédant leur attaque cardiaque.  

Et lorsque les médecins soulèvent la question, ils ne rassurent pas forcément les patients. Les auteurs de l’étude ont constaté une tendance à ne fournir que des conseils restrictifs et « conservateurs », au lieu de véritables recommandations médicales. Ainsi, 35% des médecins qui abordent la question suggèrent de limiter l’activité sexuelle. 26% conseillent de prendre un rôle plus passif.

Mais les conseils médicaux s’arrêtent ici. Or, selon les scientifiques, il y existe une demande forte de la part des patients. « Les patients valorisent leur vie sexuelle, même lorsqu’ils sont atteints d’une pathologie grave. Et ils estiment qu’il est approprié pour un médecin d’aborder la question du retour à l’activité sexuelle », écrit la gynéco obstétricienne Stacy Tessler Lindau, qui a mené l’étude.


« Le sexe n’est pas si exigeant pour le cœur »
D’ailleurs, un coup d’œil aux forums et réseaux sociaux permet de prendre la mesure de ces interrogations. Baisse de la libido, peur d’une nouvelle attaque cardiaque, peur du conjoint d’en provoquer une… Les questions sont nombreuses.

Sur son site Internet, la Fondation des Maladies du Cœur et de l’AVC rappelle qu’il est très rare que l’activité sexuelle déclenche une nouvelle crise cardiaque. « L’activité sexuelle n’est pas aussi exigeante pour le cœur que vous le croyez. Si vous pouvez grimper sans effort deux volées d’escaliers ou faire de la marche rapide, votre cœur peut supporter l’activité sexuelle. La plupart des gens reprennent habituellement l’activité sexuelle moins de deux à trois semaines après leur congé de l’hôpital. Certains médicaments, par contre, peuvent réduire votre désir sexuel. Certains hommes trouvent que les médicaments les empêchent d’avoir ou de conserver une érection ».

Face au silence des médecins, les auteurs de l’étude préconisent aux patients de leur poser directement la question. « Demandez-leur : puis-je retrouver ma vie sexuelle ? Quand ? Dois-je être attentif à quoique ce soit ? ». Bref, faites-leur parler de sexe.