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Médecins : Marisol Touraine tente de désamorcer le conflit

Par Cécile Coumau

Les médecins ne sont pas des rebelles dans l'âme. La grève ne fait pas partie de leur ADN. Le mouvement de fronde actuel contre le projet de loi santé est donc d'autant plus remarquable. Marisol Touraine le sait bien. C'est pourquoi la ministre de la Santé joue la carte de la concertation. Dans une interview exclusive accordée au Figaro, Marisol Touraine déclare : « J’entends les inquiétudes des médecins de ville. Et s’il faut ajuster, préciser, améliorer les aspects de cette loi, je le ferai. »


Pour désamorcer le conflit, elle annonce qu'elle va continuer la concertation et rencontrer à nouveau l’ensemble des acteurs concernés d’ici à la mi-décembre. Et « l'ensemble des acteurs concernés », cela fait du monde : les syndicats de médecins libéraux qui, comme un seul homme, appellent tous à la fermeture des cabinets entre le 24 et le 31 décembre, mais aussi les représentants des cliniques et des internes. Si ces derniers ne se battent pas directement contre le projet de loi santé, les autres demandent purement et simplement le retrait du texte.


Dans l'entretien qu'elle a accordé au Figaro, Marisol Touraine égraine donc les sujets qui fâchent. Le premier d'entre eux, c'est la généralisation du tiers payant. Et là, la ministre ne lâche rien. Elle affirme que « les délais de paiement des médecins par l'Assurance maladie n'excèderont pas quelques jours ». Pas sûr que les médecins la croient sur parole ! Et que, de toute façon, « le tiers payant, très vite, ira de soi », ajoute-t-elle.


Autre grande crainte des médecins à laquelle la ministre de la Santé répond : la perte de la liberté de choix du praticien, l'un des piliers de la médecine libérale, auquel les syndicats sont très attachés. Là encore, Marisol Touraine tente de rassurer sur le rôle des Agences régionales de santé qui ne vont pas prendre tous les pouvoirs. « Depuis que je suis à mon poste, je n’ai fait que développer les incitations à l’installation. Il n’y a pas un gramme de coercition dans les propositions, mais au contraire, des mesures qui valorisent l’exercice de la médecine libérale », déclare la ministre dans les colonnes du quotidien.

Quant à la possibilité qui serait donnée aux pharmaciens et aux infirmiers de vacciner, la ministre ne lâche rien non plus. C'est pourtant l'un des sujets qui agace le plus les médecins libéraux.


La marge de manœuvre de la ministre de la Santé semble donc étroite. Sur quoi peut-elle lâcher ? Le tiers payant généralisé ne sera pas obligatoire, les médecins le savent déjà. Les ARS ne seront pas des super préfets sanitaires aux pleins pouvoirs... Il va falloir en apporter la preuve. Les médecins ne se contenteront pas de belles paroles. Ils savent bien que le front uni qu'ils ont réussi à construire est inédit.