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Etude Allegnutri

Nutrition : les Français boudent les produits allégés

Par la rédaction

Les Français seraient incapables de déchiffrer une étiquette nutritionnelle et, à défaut, préfèreraient se fier aux mentions « local » ou « naturel »…

CATUFFE/SIPA

Gastronomes, oui. Mais diététiciens, loin s’en faut… Les Français n’entendent rien à l’art subtil de la nutrition, selon l’étude Allegnutri, présentée ce mardi par Mohamed Merdji, le directeur du Lesma (Laboratoire d’étude et de recherche en stratégie et marchés des produits agroalimentaires) et rapportée par 20 minutes.

« La viande rouge contient des fibres… »
Calories, lipides, graisses saturées… du chinois pour les habitants de l’Hexagone, dont le repas a pourtant été classé au patrimoine immatériel de l’Unesco. « Outre-Atlantique, il peut vous arriver d’entendre “j’ai une grande faim de protéines”, explique Mohamed Merdji. En France, c’est impossible. Le consommateur prête bien plus attention au goût, à l’origine du produit, aux marques, aux labels… ».

Ainsi, parmi les sondés, la plupart se sont montrés incapables d’associer des nutriments (vitamines, magnésium, antioxydants…) aux aliments qui en contiennent. Une partie d’entre eux estimaient que l’huile d’olive était nécessairement moins grasse que l’huile d’arachide. Un autre groupe a carrément affirmé que la viande rouge contenait des fibres.

Bio et fermier, très prisés
A défaut de comprendre les étiquettes, les consommateurs se fient donc aux mentions « terroir », « local », « naturel », « fraîcheur », « qualité ». En revanche, ils fuient comme la peste les aliments trop « retravaillés » par l’homme. « La corrélation entre valeur santé et valeur naturalité est très forte chez nous, analyse Mohamed Merdji. Dès que le consommateur suspecte une opération industrielle qui transforme le produit, il est méfiant ». C’est pourquoi les aliments « allégés » ou enrichis » n’ont pas vraiment la cote, contrairement aux produits « bio » et « fermiers ».

Mais il existe des exceptions à la règle, des aliments « ayant un statut particulier dans le répertoire alimentaire et culinaire des Français, pour lesquels le consommateur accepte plus facilement des modifications », poursuit Mohamed Merdji.
Il s’agit en l’occurrence des céréales et des yaourts. Les parents perçoivent les premiers comme un «carburant» pour donner de l’énergie aux enfants. Quant aux produits laitiers, ils voient en eux des « alicaments naturels » pour lesquels l’ajout de calcium est bien perçu.

La pédagogie par le goût, efficace
Pour autant, malgré quelques incohérences et des grosses lacunes, les Français ne semblent pas faire trop fausse route. En témoigne l’Indice de Masse Corporelle (IMC) de la population, parmi les plus bas d’Europe - même si ce taux a tendance à augmenter, notamment chez les plus jeunes.

En outre, mettre en valeur le goût semble être une stratégie efficace pour initier les ignares à la science nutritionnelle. Mohamed Merdji, compte sur les futures générations : « Il ne faut pas leur proposer un enseignement de la nutrition, qui est perçu par les plus jeunes comme des mathématiques, professe-t-il. Il faut miser sur les ateliers cuisine, l’éveil au goût, les visites d’usines… ». Ainsi, sur le groupe testé par les chercheurs, cette méthode a conduit les enfants à manger davantage de légumes que la moyenne. Comme quoi, on peut manger sainement sans connaître le sens du mot glucide...