ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Stress au travail : les salariés des universités craquent

Stress au travail : les salariés des universités craquent

Par Cécile Coumau

Le stress au travail n'est décidément pas réservé à une catégorie de travailleurs. Une enquête du journal Le Monde révèle que les cas de souffrance au travail se multiplient dans les universités. Pas chez les étudiants, mais dans les rangs du personnel, techniciens mais aussi enseignants-chercheurs. « A Strasbourg, où les trois universités ont fusionné en 2009, et où on prend manifestement ces questions à cœur, des enquêtes et des réunions ont révélé un stress très élevé chez 10 % des personnels. A l'université de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), sur les 29 % d'agents ayant répondu à une enquête, un tiers se plaint de "mal-être" et 12 % de "très fort mal-être", en particulier dans les services ayant fait l'objet de restructuration », reporte la journaliste Isabelle Rey-Lefebvre.


Si l'université est touchée comme n'importe quelle entreprise du privé, c'est parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Autrement dit, les salariés d'institutions telles que les universités doivent eux aussi subir les restructurations à répétition, la surcharge de travail, la pression sur les budgets, mais « aussi le manque de reconnaissance du travail qui sont des facteurs de risques psychosociaux », déclare Marc Guyon, spécialiste de psychodynamique du travail au Conservatoire national des arts et métiers, dans les colonnes du quotidien du soir.


Aucune organisation de travail ne serait donc protégée. Récemment, une enquête nationale réalisée par la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) révélait qu'un artisan du bâtiment sur deux considère être régulièrement stressé dans le cadre de son travail. Dans l'enseignement, le phénomène est aussi massif : d'après un sondage Ipsos récent, 54 % des enseignants du secondaire ont connu, au moins une fois dans leur carrière, un burn-out. Du côté des médecins, même constat alarmant : plusieurs enquêtes menées par des Unions régionales de médecins ont mis en évidence un taux de 40 à 45 % de praticiens en burn-out. Le taux de suicide est d'ailleurs 2,37 fois plus élevé chez les médecins que dans les autres catégories d’actifs. 


Globalement, près de 13 % des salariés seraient à bout de nerf à cause de leur travail. C'est l'estimation faite par le cabinet Technologia. Faut-il continuer à mener des études pour établir un constat connu de tous ? Certaines entreprises ont bien sûr mis en place des plans de lutte contre les risques psychosociaux, mais le cabinet Technologia veut, lui, passer à une autre étape. Pour ces experts, il faut que ces souffrances psychiques soient reconnues comme maladie professionnelle. Or, seules quelques dizaines de cas de pathologies psychiques liées au travail sont reconnues chaque année en France.