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Rapport de l’Inspection des Affaires sociales

Chirurgie ambulatoire : le gouvernement est-il trop ambitieux ?

Par la rédaction avec Audrey Vaugrente

La ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine espérait arriver à un opération sur deux en ambulatoire. Un récent rapport douche ses ambitions et se montre plus réaliste.

GILE MICHEL/SIPA

Douche froide pour les espoirs de Marisol Touraine. La ministre des Affaires sociales et de la Santé a affiché un objectif ambitieux en avril dernier : parvenir à 50 % d’opérations en ambulatoire d’ici 2016, et réaliser 10 milliards d’euros d’économie en 3 ans. Dans un rapport confidentiel révélé par Le Point, l’Inspection générale des Finances (IGF) et l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) se montrent bien moins optimistes.

 

Maximum 5 milliards d’euros

Le rythme actuel du développement de la chirurgie ambulatoire ne suffira pas pour atteindre les objectifs du gouvernement, tranche l’Igas. Les auteurs de ce rapport soulignent même « l’absence d’inflexion significatif » de la croissance de cette option de prise en charge entre 2007 et 2013. Côté tarifs, le bilan n’est pas plus positif : l’alignement des tarifs entre hospitalisation complète et ambulatoire « semble avoir plus accompagné que déclenché le développement de la chirurgie ambulatoire », tempèrent-ils. Il faudra donc accélérer le rythme, et pas qu’un peu.

 

Quant aux 10 milliards d’euros d’économie annoncés par la ministre, peu de chances de les atteindre, conclut le rapport de l’Igas et l’IGF. La chirurgie ambulatoire ne devrait s’étendre, au maximum, qu’à 64 % des séjours d’ici 2018. Loin des 80 % qui ont servi de base pour le calcul de Marisol Touraine… et loin des économies envisagées. La Cour des Comptes les évaluait à 5 milliards d’euros.

 

10 % de patients exclus

Voilà qui devrait conforter les opposants à cette mesure, qui ont vivement critiqué les annonces de Marisol Touraine en avril dernier. L’association des accidentés de la vie, la FNATH, avait émis des « inquiétudes pour des personnes dont l’état de santé peut être fragile et qui nécessitent une hospitalisation plus longue. » Le rapport de l’Igas et de l'IGF le confirme : 1 patient sur 10 ne peut pas être pris en charge en ambulatoire « pour des raisons médicales. »

 

La CGT, de son côté, craignait que les mesures n’aggravent la situation des hôpitaux. Là encore, l’Igas semble confirmer ces inquiétudes : elle prévoit des économies en 3 phases. La première consistera à supprimer des lits d’hospitalisation. La deuxième, « réalisable à moyen terme » concernera les gains de productivité « liés au fonctionnement d’une unité de chirurgie ambulatoire. » La troisième, bien moins positive, « suppose la disparition de l’activité chirurgicale des établissements où le développement de la chirurgie ambulatoire rend quasiment impossible le maintien d’une activité d’hospitalisation complète. » Cela se traduira par la fermeture de blocs opératoires et des services liés dont l’activité est faible. L’annonce devrait être mal accueillie par les associations de patients.