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Jean Carpentier : "La médecine était sa vie"

Par Cécile Coumau

C'était un médecin généraliste, un simple médecin généraliste... Jean Carpentier est mort le 9 juillet à l'âge de 78 ans. Le grand public ne le connaît pas, et pourtant, toute la presse lui rend hommage. Le Monde, Libération, Mediapart... Il faut dire que Jean Carpentier était une figure, pas de ces médecins fonctionnaires de la sécu. « Une figure magnifique et rebelle de la médecine générale », selon Libération. Son premier fait d'armes, c'est un tract distribué aux portes des lycées intitulé « Apprenons à faire l'amour » après que des jeunes ont été renvoyés pour s'être embrassés dans la cour de récré. Cela lui vaut une suspension d'exercice d'un an.


Militant acharné, ce fils de communistes n'aura de cesse de faire bouger les lignes de la médecine... et de la vie en général. En 1968, il rédige un « Livre blanc de la réforme des études médicales », et plus tard, le Journal d'un médecin de ville, dans lequel il décrit le médecin généraliste « chaque jour pris à témoin et coincé entre la Loi et ceux qui la supportent mal » et qui « marche chaque jour à la lisière de la légalité », écrit Paul Benkimoun dans Le Monde.


Mais la mission que le Dr Jean Carpentier a mené sans relâche et qui lui a valu – finalement – la reconnaissance de ses pairs, c'est sa bataille pour la prise en charge des toxicomanes. Installé dans le quartier populaire parisien de la place d'Aligre, le généraliste reçoit tous les toxicos de Paris et mène un combat acharné pour les traitements de substitution, qui ne sont pas encore en odeur de sainteté. Après les blâmes, les honneurs sont venus. La politique de réduction des risques est adoptée par les autorités car « les produits de substitution et la vente libre des seringues effondrent le risque de contamination dans tous les pays », rappelle Libération. Du coup, l'éternel rebelle se voit confier une mission ministérielle par Bernard Kouchner sur les traitements de substitution.

Cette mission ne le fera pas pour autant rentrer dans le rang. Jusqu'à la fin de sa vie, Jean Carpentier mènera un combat pour la médecine en laquelle il croyait. Le Dr Clarisse Boisseau, qui a partagé le même cabinet médical pendant près de 30 ans, le rappelle dans les colonnes du Monde : « La médecine, c'était sa vie ».

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