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En France

Insuffisance cardiaque : la mortalité a baissé de 30 % en 10 ans

Par Léa Surugue

Une étude publiée par le BEH souligne le baisse de la mortalité liée à l'insuffisance cardiaque. Mais le vieillissement de la population et l'inefficacité des traitements en font toujours un problème de taille.

John rowley/Mood Boar/REX/SIPA

Au cours de la dernière décennie, le nombre de décès pour insuffisance cardiaque a diminué au rythme encourageant de 4 % par an, soit moins 30% en dix ans entre 2000 et 2010, d’après une étude publiée hier dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'INVS. Des progrès ont été faits dans la prise en charge, expliquant en partie ces résultats.

Cependant, cette pathologie, qui touche 2,3% de la population française, reste un défi de santé publique majeur pour les années à venir, notamment du fait du vieillissement de la population. Aujourd’hui en effet, seul 3 % des décès liés à une insuffisance cardiaque concernent des personnes de moins de 65 ans. Selon les auteurs de l'étude, il y a encore des efforts à faire, afin de mieux informer sur la maladie et de mieux la traiter.

Les origines de la maladie
L’insuffisance cardiaque est un dysfonctionnement du cœur, celui-ci se retrouvant incapable d’assurer un débit sanguin nécessaire au fonctionnement de l’organisme. Pour le cardiologue Yves Juillière, qui a collaboré à la rédaction de l’étude, la pathologie peut résulter de deux problèmes du muscle cardiaque : soit il se contracte mal, ce qui est souvent le cas à la suite d’un accident cardiovasculaire, soit il est trop rigide et le sang ne passe pas bien. Il s'agit là d’un cœur fatigué, celui des patients les plus âgés.


Résultats en trompe l’oeil
Depuis 2000, le nombre de décès lié à l’insuffisance cardiaque a diminué, certes, mais le nombre d’hospitalisation est en augmentation. Alors que l’âge moyen de décès pour la maladie est aujourd’hui de 86 ans, l’insuffisance cardiaque concerne, à plus de 50% des cas, des cœurs qui fonctionnent mal parce qu’ils sont trop vieux, plus que parce qu’ils ont subi des accidents cardiovasculaires. Ce dernier type d’insuffisance cardiaque est associé à un taux moins élevé de mortalité, mais à une prise en charge hospitalière plus importante. Les décès sont retardés grâce aux soins reçus à l’hôpital.

Ecoutez le Dr Yves Juillière, cardiologue et auteur de l'étude: « La mortalité diminue mais les hospitalisations ne font qu'augmenter, parce que les patients sont mieux pris en charge.» 



Malgré une amélioration apparente du taux de mortalité depuis dix ans, les faits parlent d'eux même : avec un âge moyen d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque qui dépasse les 79 ans, et le vieillissement de la population qui risque d’amplifier le problème, il s’agit d’un vrai enjeu de santé publique.

Une maladie qui ne dit pas son nom
Malheureusement, la maladie est souvent mal expliquée aux patients. D’après le Dr Juillière, un malade se verra rarement dire qu’il souffre d’insuffisance cardiaque. On lui expliquera ce qui fonctionne mal au niveau de son cœur, mais les docteurs ne mentionnent généralement pas la pathologie. Or, ne pas nommer la maladie n'aide pas à la faire connaître, ni à instaurer une politique de prise en charge véritablement efficace.
Néanmoins, il faut rappeler que l’insuffisance cardiaque n’est en général pas l’unique responsable des décès, de multiples pathologies s’y associant.

Ecoutez le Dr Yves Juillière :  « Jamais on ne dit au patient, "Monsieur, vous avez de l'insuffisance cardiaque". On a aucun traitement pour cette sorte de pathologie mais on peut traiter les facteurs de risques. » 



La recherche sur l’insuffisance cardiaque est aujourd’hui nécessaire, car il n’y a toujours pas de traitements efficaces pour soigner la maladie en tant que telle. Les médecins soignent surtout les facteurs de risques, comme par exemple l’hypertension.

Paradoxalement, si la mortalité a baissé de manière significative depuis 2000, l'étude rappelle qu'une fréquence préoccupante de l'insuffisance cardiaque est encore observée en France.  Des efforts de sensibilisation doivent donc encore être faits à l'avenir.