ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Avastin : moins cher et encore bloqué pour le traitement de la DMLA

30 fois moins cher

Avastin : moins cher et encore bloqué pour le traitement de la DMLA

Par Julian Prial

Le gouvernement avait rédigé un décret pour autoriser l’Avastin en traitement de la DMLA. Imposer un médicament pour raison économique n'est pas autorisé en Europe, a rappelé le Conseil d'Etat. 

Rex Features/REX/SIPA

En mars 2014, Le Parisien indiquait que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait soumis au Conseil d’Etat un projet de décret concernant l’anticancéreux Avastin (Roche). Ce médicament devait être bientôt autorisé dans le traitement de la DMLA, une maladie de l'œil qui résulte d'une détérioration graduelle de la macula, petite zone située au centre de la rétine qui permet de voir avec précision les détails et les couleurs. Ce décret devait être publié parce que ce produit offre une solution alternative et économique au Lucentis (Novartis), seule spécialité autorisée pour le moment dans cette pathologie. Si le traitement par Lucentis coûte 900€ par injection, son « concurrent » n’en demande que 30€. En proposant ce décret, la ministre de la Santé forçait en fait la main au laboratoire suisse Roche. Ce dernier n'a en effet pas demandé l'autorisation de la prescription de l’Avastin dans le traitement de la DMLA. Mais ce mercredi, Le Parisien indique que le « décret Avastin » serait peut-être « mort-né. »

Avis défavorable du Conseil d'Etat 
Selon leurs informations, l'avis confidentiel du Conseil d'Etat sur ce texte aurait été rendu. Et à la surprise de bon nombre d'acteurs dans ce dossier, il serait défavorable. Côté motivations, les magistrats auraient estimé qu'imposer un médicament pour raison économique est contraire à la réglementation européenne.
Néanmoins, comme le précise Le Parisien, le ministère de la Santé pourrait ne pas respecter cette décision car il s'agit d'un simple avis qui n'a aucune force contraignante pour le gouvernement. Et c'est peut-être vers cette option que pourrait se diriger le ministère de la Santé. Hier, la commission de la réglementation de la Caisse nationale d'assurance maladie s'est prononcée sur un nouveau projet de décret. Cette fois-ci, l'Avastin pourrait voir le jour avec une recommandation temporaire d'utilisation (RTU) pour « raison de santé publique. » Seul problème pour cette commission, dans cette pathologie, un autre médicament existe déjà (Lucentis). La santé publique n'est donc pas menacée.

Plus de 400 millions d'euros "gaspillés" tous les ans
Pourtant, récemment, le syndicat de la médecine générale (SMG) rappelait dans une lettre ouverte au président de la République que 400 millions d'euros étaient "gaspillés" tous les ans à cause de ce blocage. « Dans les circonstances graves que vit la France, il paraît impensable de gaspiller en pure perte quelque 400 millions d’euros par an », expliquait le syndicat. Lucentis caracole en effet en tête des médicaments les plus remboursés. Il est le premier poste de dépenses de médicament de l'Assurance maladie avec 438 millions d'euros remboursés en 2013.
Enfin, parmi ses autres requêtes, le SMG demandait aussi la saisie de l’Autorité de la concurrence pour ouvrir une enquête « sur le soupçon d’entente illicite entre les groupes Roche et Novartis, en vue de bloquer la mise en marché de l’Avastin sous forme de préparation ophtalmologique. » L'autorité de la concurrence a déjà mené, en avril, des perquisitions dans les locaux des deux laboratoires.