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Environnement

Autisme : les facteurs génétiques ne comptent que pour moitié

Par Audrey Vaugrente

Dans l’autisme, les causes génétiques ne sont pas aussi importantes qu’on le pensait. En fait, elles n’expliquent que la moitié du risque, affirme une récente étude. L’environnement fait le reste.

BAZIZ CHIBANE/SIPA

L’environnement, aussi important que les gènes pour expliquer l’autisme. Ces résultats inattendus proviennent d’une large étude menée en Suède, sur 2 millions de personnes. Parue dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) ce 3 mai, une étude relativise les causes génétiques de ce trouble neuro-développemental.

 

Des facteurs familiaux et individuels

On estimait jusqu’ici que les gènes comptaient pour 80-90 % des causes de l’autisme. Si l’origine exacte de ce trouble n’est toujours pas connue, il s’avère que l’environnement est plus impliqué. 50 % des facteurs de risque sont génétiques, le reste relève de l’environnement partagé (facteurs familiaux) ou non partagé (facteurs individuels). D’ailleurs, le plus souvent, ce dernier est la principale source du risque environnemental.

 

« Nous avons été surpris par les résultats, puisque nous ne nous attendions pas à une telle importance des facteurs environnementaux dans l’autisme. Les recherches récentes se sont concentrées sur les gènes, mais il est maintenant clair que nous devons davantage étudier et identifier ces facteurs environnementaux », analyse le Pr Avi Reichenberg, qui a mené l’étude au King’s College de Londres (Royaume-Uni). « De la même manière qu’il faut envisager de nombreux facteurs génétiques, il y a probablement des facteurs environnementaux très variés qui contribuent au développement de l’autisme. »

 

Un frère autiste double le risque pour l’enfant

Pas question pour autant d’abandonner l’étude des causes génétiques de l’autisme. Car deux mesures permettent pour le moment d’évaluer le risque : l’hérédité et le risque relatif récurrent – qui se définit selon la proximité familial avec une personne atteinte d’autisme. C’est justement ce qu’évalue la seconde partie de cette étude. Ainsi, avoir un cousin autiste double le risque d’en développer un, un demi-frère ou une demi-sœur le triple. Chez les enfants dont un frère ou une sœur est autiste, ce risque est décuplé.

 

Ces résultats fournissent un outil précieux pour conseiller les parents dont un enfant est autiste et qui envisagent d’en avoir un second. « Notre étude a été provoquée par une question que se posent souvent les parents : "J’ai un enfant autiste, quel est le risque que mon prochain enfant le soit aussi ?" Notre étude montre qu’à un niveau individuel, le risque d’autisme augmente selon la proximité avec un parent autiste », explique le Dr Sven Sandin, auteur de l’étude. « Nous pouvons maintenant fournir des informations fiables sur le risque d’autisme, ce qui peut rassurer et guider les parents et les médecins dans leur prise de décision. »