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Suicide d’un participant

Essai clinique : un psychiatre poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui

Par Audrey Vaugrente

Le Dr Christian Gaussarès a comparu pour mise en danger de la vie d’autrui ce 30 avril. Le non respect du protocole de l’essai clinique d’un antidépresseur, sous lequel un patient s’est suicidé.

SAURA PASCAL/WITT/MEIGNEUX/SIPA

Le suicide d’un patient avait lancé l’affaire. Le Dr Christian Gaussarès, psychiatre à Arcachon (Gironde), a comparu ce 30 avril au tribunal correctionnel de Bordeaux, pour mise en danger de la vie d’autrui, entre autres chefs d’accusation. En cause : un essai clinique mis en place en 2009 avec le laboratoire danois Lundbeck.

 

Un protocole strict

Le Dr Gaussarès a mené un essai clinique concernant un antidépresseur pour le compte de ce laboratoire. Au total, 21 patients ont testé le médicament. 8 d’entre eux n’auraient pas dû être inclus dans cet essai, en raison de leurs antécédents. Car le protocole le stipulait : aucune personne suicidaire ou à tendance suicidaire ne devait participer. L’un des patients recrutés a mis fin à ses jours, 2 mois après le début du traitement.

 

Selon le rapport d’expertise et l’enquête de l’Agence de sécurité des médicaments (ANSM), le médecin n’a pas suivi le protocole approuvé par les autorités sanitaires. En France, un essai clinique est strictement encadré. Avant d’être mis en place, il doit être soumis à plusieurs autorités. Le Comité de protection des personnes (CPP) évalue la demande, soumise à l’ANSM, et émet un avis. C’est ensuite à l’ANSM d’émettre ou non l’autorisation, sur la base de cet avis. Si les données recueillies quittent le centre de recherche, la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a également son mot à dire.

 

Il avait faussé des données

Dans tous les cas, le médecin coordinateur de l’étude doit informer chaque patient des détails de l’essai : son but, sa durée, les alternatives thérapeutiques, la prise en charge… Si le participant est mineur, majeur sous tutelle ou inconscient, c’est un proche ou une personne de confiance qui donne son accord. Selon le journal Sud Ouest, le Dr Gaussarès reconnaît ne pas avoir informé la tutrice d’une participante, et avoir faussé certaines données pour « plomber » l’étude. Pour le reste, il nie avoir mis en danger ses patients. En revanche, il reproche au laboratoire Lundbeck de ne pas avoir vérifié les antécédents du patient.

Après une audience de 10 heures, le parquet a requis, à 2 heures du matin, 6 mois de prison avec sursis et la confiscation d’un immeuble. Le jugement a été placé en délibéré pour le mois de juin.