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L'Inserm sort de sa retraite

Par Cécile Coumau

L'inserm lance une intiative originale : chercheurs et associations de malades se rapprochent. Mettre la science à portée de main, c’est l’idée ?
Oui, c’est transmettre un savoir au plus grand nombre. Mais au départ, l’histoire est toute simple. C’est une chercheuse de l’Inserm qui partait à la retraite et qui n’imaginait pas de rester inactive. Dominique Duménil, spécialiste du sang, estimait qu’une fois à la retraite, elle pouvait enfin consacrer tout son temps à vulgariser des données scientifiques.

D’autres jeunes retraités de l’Inserm l’ont suivi ?
Exactement, elle a fait école. Et comme 80 chercheurs de l’Inserm partent actuellement chaque année à la retraite, l’Institut s’est dit qu’il fallait organiser cette transmission du savoir. Il vient donc de lancer ScienSAs. C’est un réseau de scientifiques seniors et d’associations de malades. Les associations sont en effet très demandeuses de dialogue avec le monde de la recherche.

Mais concrètement, comment va se matérialiser cet échange ?
Alors, vous vous en doutez, pas question de faire des cours magistraux. Les chercheurs peuvent être appelés à la rescousse pour décrypter une étude publiée en anglais dans une revue scientifique, pour organiser des colloques ou encore pour faire de la veille, surveiller les nouveautés dans telle ou telle maladie. Le but étant évidemment que les associations puissent ensuite retransmettre cette information aux malades.

C’est de la vulgarisation scientifique à grande échelle ?
Non, pas tout à fait, c’est ce que l’on appelle de la médiation scientifique. Autrement dit, il doit y avoir un échange entre les chercheurs et les associations de malades. Les uns transmettent leur savoir, les autres leur perception au quotidien de la maladie.

Mais comment ces deux mondes vont-ils réussir à se rencontrer ?
Via, un site de rencontres. Je plaisante mais pas tout à fait. L’Inserm a mis au point un site pour que les chercheurs et les associations puissent donc se rencontrer : http://sciensas.inserm.fr. Par ailleurs, ces  jeunes retraités vont être formés à la mediation scientifique. Car s’ils savent parler de leurs travaux dans des congrès, ils sont parfois démunis pour répondre à des malades.

Peut-on espérer qu’avec cette initiative, les Français s’intéressent un peu plus à la science ?
Oui, et ce ne serait pas du luxe. En 2010, le ministère de la Recherche avait lancé un sondage. Il avait montré que 60% des Français ne s’intéressait pas à la science.