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19 % de surdiagnostics et de faux-positifs

Mammographie : des experts dénoncent les faiblesses de cet examen

Par Audrey Vaugrente

Réaliser régulièrement une mammographie pourrait présenter plus de risques que d’avantage selon une récente étude. Des experts appellent à réévaluer l’utilité de l’examen.

SERGE POUZET/SIPA

La mammographie n’est « pas un test parfait », affirme une équipe de chercheurs du Brigham and Women’s Hospital de Boston (Massachussetts, Etats-Unis). Les avantages de cet examen seraient surestimés et leurs risques sous-estimés, selon leur étude parue ce 2 avril dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Une étude « importante » selon l’auteur principal de l’étude, Nancy Keating, « parce qu’il existe une forte controverse sur la fréquence et les patientes qui devraient réaliser régulièrement une mammographie. »

 

20% de biopsies inutiles

« Les résultats suggèrent que la mammographie est associée à une moindre mortalité par cancer du sein, mais le bénéfice est modeste », écrivent les auteurs de l’étude. Ils ont passé en revue plusieurs études randomisées réalisées entre 1960 et 2014, qui évaluent l’efficacité de cet examen. Selon leurs résultats, les surdiagnostics concernent 19 % des examens. La même proportion de femmes subira inutilement un examen complémentaire, comme une biopsie. A 10 ans, le risque cumulé d’obtenir un résultat faussement positif atteint 61 %.
Ce manque de précision s’explique par l’impossibilité de distinguer les tumeurs agressives ou indolentes, selon les chercheurs. Par conséquent, 19 % des femmes qui ont subi une mammographie sont opérées inutilement.

 

Une faible influence sur la survie

L’influence de cet examen sur la survie n’est pas non plus significative. Sur 190 femmes qui ont reçu un diagnostic de cancer, 5 survivront grâce à la détection précoce. 160 patientes avec une tumeur avancée survivront grâce aux progrès des traitements (84 %) et 25 décèderont malgré le dépistage.
« Certains défis posés par la mammographie peuvent être résolus », estiment les auteurs de l’étude, mais « de meilleurs examens de dépistage du cancer du sein sont nécessaires. » Ils réclament notamment des outils plus précis, capable d’estimer si la tumeur est bénigne ou maligne, mais aussi une meilleure information du public sur la balance bénéfice-risque. 

Actant ces résultats, les recommandations américaines ont déjà évolué depuis quelques années. Autrefois conseillée tous les 1 à 2 ans aux femmes de 40 ans, la mammographie est désormais réalisée tous les deux ans à partir de 50 ans. Mais cette évolution ne fait pas que des heureux. Une autre étude du JAMA, parue ce 31 mars, estime que la mammographie chez les femmes plus âgées n’améliore pas forcément la qualité de vie si son espérance ne dépasse pas 10 ans. Les auteurs suggèrent d’en débattre systématiquement avec son médecin.