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Combat d'une mère

Autisme : elle obtient la scolarisation de son fils en haut d'une grue

Par Bruno Martrette

Une mère est montée en haut d'une grue ce vendredi pour dénoncer le sort des enfants autistes en France. Elle a obtenu le maintien à l'école de son fils de 8 ans atteint d'autisme.

Capture d'écran Facebook (page "Ensemble, Sauvons l'avenir d'Allan")
MOTS-CLÉS :

« Le 18 mars 2014 : j’apprends que le contrat d’Anne, l’auxiliaire de vie scolaire (AVS) de mon fils Allan (8 ans, autiste, en classe de CE1), se termine le 05 mai 2014 ! Eh oui, il s’agissait d’un contrat d’un an seulement. Sous le choc de la nouvelle, il m’a semblé totalement évident sur le coup que son contrat allait être prolongé deux mois de plus pour qu’elle puisse finir l’année scolaire auprès d’Allan ! Eh bien non… Absolument pas ! » Alors, pour réussir à ne pas déscolariser son fils Estelle Ast Verly, 39 ans, est depuis ce vendredi matin (7h) en haut d'une grue en plein centre ville de Toulouse, avenue Jean Jaurès.

Une nouvelle AVS pour son enfant ou rien d'autre
Et avant de descendre de sa grue, cette « mère courage » a des exigences bien précises. Elle souhaite toute d'abord que cesse toute discrimination envers son enfant : « Tant que l'état de mon fils nécessitera un accompagnement scolaire, je veux que les administrations compétentes de la ville de Toulouse débloquent à l'école Ste Marie de Nevers les moyens financiers nécessaires pour leur permettre de recruter en CDD ou en CDI une AVS formée et qualifiée, à un salaire décent pour mon enfant. »
Et cette dernière de rajouter qu'elle descendra de la grue « uniquement quand j'aurai reçu un courrier officiel attestant ces informations. Je demande que ce courrier soit envoyé sur ma boîte mail et me soit remis en main propre par un représentant de la ville de Toulouse lorsque je serais descendu. »

Un combat remporté en quelques heures
Et la bonne nouvelle, c'est qu'Estelle est descendue de sa grue, quelques heures après son appel. Elle a posé  devant les caméras et les micros avec ce fameux courrier en poche. Des messages de félicitations et d'admiration continuent d'ailleurs d'affluer chaque minute sur la page facebook qu'elle a créé hier : « Ensemble, Sauvons l'avenir d'Allan ». Cette dernière compte déjà 662 fans. 
Néanmoins, Estelle n'oublie pas les autres parents d'enfants autistes dans une situation identique à la sienne. Elle demande également que ce qui a été appliqué à son enfant soit appliqué à tous. Mais surtout que tous les médecins généralistes et les pédiatres soient formés à l'autisme.
Enfin, elle réclame auprès du gouvernement que l'on ouvre au plus vite des structures dignes de ce nom « au lieu de financer des hôpitaux psychiatriques. » Le but de ce combat, qu'il y ait une prise en charge adaptée pour chaque personne autiste de ce pays. « Et que la psychiatrie psychanalytique disparaisse définitivement du monde de l'autisme », conclut-elle.

Autisme : la France sanctionnée à 2 reprises par l'Europe
Début février, le Conseil de l'Europe a condamné la France pour ne pas avoir respecté le droit des enfants autistes à recevoir une éducation. Cela en violation de la Charte européenne. L
ors de la première condamnation de la France en 2003, la proportion d'enfants autistes ayant accès à une éducation atteignait tout juste 10 %. Elle elle est passée aujourd'hui à 20 % en 2014. Malgré ces efforts, le Conseil de l'Europe ne considère pas qu'un réel progrès  ait été enregistré en la matière, « avec 80 % d'enfants exclus de la jouissance d'un droit consacré et garanti par la Charte. » En Angleterre, ce taux avoisinerait les 50 %, selon Estelle Ast.

Pour rappel, le 3ème plan autisme 2014-2017 présenté en mai 2013 par Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux Personnes handicapées, prévoyait la création de 700 places  dans des unités adaptées, séparées, au sein d’écoles maternelles. Parmi les autres mesures annoncées, figuraient aussi la formation de 5 000 professionnels du secteur médico-social aux méthodes éducatives, mais aussi la création 1 500 places d’accueil en plus pour les adultes autistes dans des structures spécialisées déjà existantes.