- Les personnes qui se suicident sans antécédent de pensées ou de comportements suicidaires non mortels présentent moins de diagnostics psychiatriques.
- Elles présentent également moins de facteurs de risque génétiques de troubles psychiatriques que celles qui avaient manifesté ces signes avant-coureurs.
- Les facteurs de risque génétiques liés au suicide ont un impact très faible et aucun gène unique ne provoque le suicide mais les contextes environnementaux et sociétaux contribuent de manière cruciale au risque.
"Bien que la tentative de suicide soit l’indicateur le plus fiable du risque de décès par suicide, peu de personnes qui tentent de se suicider y parviennent (moins de 10 %), et environ 50 % des décès par suicide surviennent en l’absence d’antécédents suicidaires. Les risques sont particulièrement mal compris au sein de ce groupe." C’est le constat fait par des chercheurs de l’université de l'Utah (États-Unis). Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue JAMA Network Open, ils se sont ainsi penchés sur la question. Pour ce faire, l’équipe a analysé de manière exhaustive les données génétiques anonymisées de plus de 2.700 personnes décédées par suicide.
Suicide : "les contextes environnementaux et sociétaux contribuent de manière cruciale au risque"
Selon les résultats, la moitié des personnes passant à l’acte ne présentent aucun facteur de risque psychiatrique diagnostiqué. "On ignorait si ces personnes étaient dépressives sans être diagnostiquées, ou simplement non dépressives." Les auteurs ont observé que les participants sans antécédents suicidaires présentaient généralement moins de facteurs de risque génétiques pour plusieurs troubles psychiatriques, notamment la dépression majeure, l'anxiété, la maladie d'Alzheimer et le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Les données génétiques suggèrent également que ce groupe n'est pas plus susceptible que la population générale de présenter des troubles plus légers, comme la dépression passagère et le névrosisme. "Pris individuellement, les facteurs de risque génétiques liés au suicide ont un impact très faible et qu'aucun gène unique – ni combinaison de gènes – ne provoque le suicide. Les contextes environnementaux et sociétaux contribuent de manière cruciale au risque."
Reconsidérer la prévention du suicide
Ainsi, ces travaux remettent en question les idées reçues sur le risque de suicide et soulignent l'urgence de nouvelles approches. "Un principe de la prévention du suicide a longtemps été de simplement mieux dépister les personnes présentant des troubles associés comme la dépression. Et si les personnes présentaient les mêmes vulnérabilités sous-jacentes, un dépistage plus poussé pourrait s'avérer très utile. Mais pour celles qui présentent des vulnérabilités sous-jacentes différentes, un dépistage plus intensif pourrait ne pas leur être bénéfique", a expliqué Hilary Coon, auteure principale des travaux, qui soulignent que la compréhension des interactions entre l'environnement et les facteurs biologiques sous-jacents sera essentielle pour identifier les personnes à risque.
Désormais, les scientifiques vont étudier l'impact d'autres troubles physiques, tels que l'inflammation et les maladies respiratoires, sur le risque suicidaire. Ces recherches porteront aussi sur les caractéristiques pouvant conférer une résilience face au suicide.



