- Manger seul est lié à une alimentation moins nutritive chez les personnes âgées.
- Cela augmente aussi le risque de perte de poids et de fragilité.
- Partager les repas pourrait aider à préserver la santé et l'autonomie des aînés.
Manger seul est-il une habitude risquée ? Derrière ce geste banal du quotidien, une réalité méconnue inquiète les chercheurs. Selon une synthèse de 24 études publiée dans la revue Appetite par l’Université de Flinders, en Australie, les adultes âgés qui mangent seuls de façon régulière présentent une alimentation moins variée, perdent plus de poids avec l’âge et sont plus à risque de fragilité physique.
Moins de nutriments, plus de plats industriels
Premier constat établi par les chercheurs : manger seul affecte directement la qualité des repas. Les personnes concernées consomment moins de fruits, de légumes, de protéines et de nutriments essentiels comme le potassium ou la vitamine A. En Corée du Sud, par exemple, les personnes âgées qui mangent seules leurs trois repas quotidiens ingèrent en moyenne 26 grammes de viande par jour contre 35 g pour celles qui mangent accompagnées. Par ailleurs, en Suède, les repas préparés sont quatre fois plus consommés chez les dîneurs solitaires.
Trois études de suivi longitudinal ont montré que manger seul augmentait le risque de perte de poids involontaire, un facteur de signal d’alarme médical. L’une d’elles, menée au Japon sur 57.000 seniors, révèle que ceux partageant rarement leurs repas ont 17 % de risque supplémentaire de perdre plus de 5 % de leur poids corporel. Pire : le risque grimpe même à 29 % pour une perte supérieure à 10 %. Or, cette fonte musculaire peut entraîner des chutes, une dépendance ou encore des problèmes métaboliques.
Fragilité : un lien avec la solitude
La fragilité physique est un syndrome médical qui rend l’organisme plus vulnérable : faiblesse, fonction motrice ralentie, perte de poids, altération musculaire, exacerbations des maladies chroniques, etc., peut-on lire sur le site Manuel MSD. Or, une autre étude menée au Japon montre que les hommes qui vivent en famille mais mangent seuls ont 2,5 fois plus de risques de devenir fragiles. Cette association s’explique en partie par la dépression, elle-même liée à l’isolement social. D’autres travaux encore ont remarqué que les personnes mangeant seules déclaraient plus souvent un manque d’appétit.
Bien que toutes les études n’aient pas trouvé d’effets négatifs, les tendances observées dans plusieurs pays (Japon, Suède, Taïwan, Corée, Etats-Unis...) convergent. Les chercheurs appellent donc à inclure les habitudes alimentaires dans le suivi nutritionnel des seniors. "Le fait de manger seul n’est pas qu’une question d’humeur. Cela touche à la nutrition, au poids, à l’autonomie", alertent-ils dans un communiqué. Encourager les repas partagés, via des programmes communautaires ou des habitudes familiales, pourrait selon eux être un moyen de maintenir la santé des aînés.


