- Une étude montre une réduction de 59,5 % des symptômes dépressifs avec un microdosage de LSD pendant huit semaines.
- Le traitement a été bien toléré, sans effets secondaires graves.
- Ces résultats ouvrent la voie à de futurs essais cliniques randomisés.
La dépression résistante touche près de 5 % de la population mondiale, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les traitements classiques comme les antidépresseurs mettent souvent plusieurs semaines à agir, avec des effets secondaires et une efficacité variable, parfois nulle. C’est dans ce contexte que les chercheurs se tournent aujourd’hui vers des psychédéliques, comme la psilocybine des champignons hallucinogènes. Une récente étude menée par l’Université d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, est formelle : le LSD consommé à très petites doses – autrement appelé microdosing en anglais – pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour les patients souffrant d’un trouble dépressif majeur.
Une alternative prometteuse aux antidépresseurs
Dans le cadre de cet essai clinique, dont les résultats seront présentés en février dans la revue Neuropharmacology, 19 volontaires atteints de dépression ont reçu, sous la langue, 16 doses de LSD pendant huit semaines, d’abord à l’hôpital puis à leur domicile. Le dosage, qui allait de 6 à 20 microgrammes (µg), était ajusté via une application mobile qui permettait en même temps de vérifier la prise des psychédéliques et d’évaluer les effets ressentis. Le suivi des participants comprenait des évaluations cliniques, un électrocardiogramme, une échocardiographie, ainsi que des questionnaires psychologiques.
Les scores MADRS (Montgomery Asberg Depression Rating Scale), qui mesurent la sévérité de la dépression chez des patients, ont chuté de 59,5 % en moyenne, passant de 23,7 à 9,59. Et ces effets se sont maintenus jusqu’à six mois après la fin du traitement. D’autres modèles d’évaluation de la dépression ont également montré des améliorations notables : anxiété (-51,9 %), stress, ruminations, et qualité de vie globale. "Tous les indicateurs ont évolué dans le sens d’une amélioration", résument les auteurs dans un communiqué.
Aucun effet secondaire grave associé au LSD
Malgré les craintes liées à l’anxiété ou aux effets sur le cœur (via le récepteur 5-HT2B), aucun effet secondaire grave n’a été signalé. Les examens cardiaques n’ont révélé aucune anomalie cliniquement significative. A noter que seulement trois participants ont quitté l’étude, dont un seul pour anxiété.
D'après les chercheurs, ces résultats soutiennent donc la faisabilité d’un microdosage de LSD encadré médicalement pour venir à bout des symptômes dépressifs, ou du moins les soulager. La prochaine étape, actuellement en préparation, sera un essai clinique randomisé de phase 2B, afin de comparer LSD et placebo. Si les effets se confirment, une nouvelle voie thérapeutique pourrait voir le jour pour les patients dans l’impasse.



