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Encourager le dépistage

Anévrisme de l'aorte abdominale : 1 personne sur 10 de plus 75 ans touchée

Par Mathias Germain

L'Opération Vésale 2013 a révélé que le taux d'anévrisme de l'aorte abdominale chez les hommes de plus 75 ans était de 8 %. Or dépistage s'arrête à cet âge. 

SCHEIBER FRED/20 MINUTES/SIPA

L’anévrisme se définit par un élargissement de l’aorte, les bords ne sont plus parallèles et le diamètre est alors augmenté de plus de 50 %. Aujourd’hui, le dépistage de l’anévrisme de l’aorte abdominale s’arrête à 75 ans, selon les recommandationsMais pour les spécialistes de médecine vasculaire, cette borne n’est plus conforme à l’évolution démographique. « De plus en plus de personnes vieillissent en bonne santé, même au-delà de 75 ans, or on ne suspecte pas chez elles l’éventualité d’un anévrisme », indique le Dr Jean-Pierre Laroche, médecin vasculaire au CHU de Montpellier, et vice président du Collège français de pathologie vasculaire.
Ainsi, lors de « l’opération Vésale » organisée par la Société française de médecine vasculaire (SFMV), en novembre dernier, qui a permis de dépister plus de 7200 personnes, les médecins ont constaté que le taux d’anévrisme dépisté chez les plus de 75 est de près de 8 %, alors qu’il est à près de 3 % chez les 60-75 ans. « C’est un chiffre important, qui nous incite à être vigilant au-delà de 75 ans. ». 

Ecouter le Dr Jean-Pierre Laroche, médecin vasculaire au CHU de Montpellier, vice-président du Collège français de médecine vasculaire. « En limitant le dépistage à 75 ans, on ne tient pas compte de la population qui est en tran de vieillir.»


Les femmes sous-estimées
Autre critique, la place des femmes dans le dépistage. Jusqu’à présent les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) ne les ciblent pas à moins qu’elles aient dans leur famille des antécédents. « C’est vrai que la fréquence des anévrismes de l’aorte abdominale est 10 fois moins importante chez les femmes que chez les hommes, mais il faut savoir que les anévrismes chez les femmes ont à l’inverse une forme plus grave, souligne le Dr Jean-Pierre Laroche. Autre point inquiétant, le tabagisme des femmes. « Les études épidémiologiques montrent qu’elles fument presque autant que les hommes, donc il n’y a pas de raison de les laisser en dehors des recommandations du dépistage », estime le praticien qui appelle les médecins généralistes à la vigilance.

En cas de découverte d'un petit anévrisme, un suivi échographique est nécessaire. Les anévrismes de l’aorte augmentent de taille lentement mais sûrement, d’où la nécessité de cette surveillance. Par exemple, si le diamètre de l’aorte est entre 45 et 50 mm, une échographie tous les 6 mois sera nécessaire. En cas de découverte d'un gros anévrisme, supérieur ou égal à 50/55 mm de diamètre, le médecin généraliste confie alors le patient à une équipe médico-chirurgicale afin que le patient soit pris en charge dans les meilleures conditions pour traiter cet anévrisme : une chirurgie directe (remplacement prothétique de l’aorte anévrismale) ou la mise en place d’une endoprothèse aortique par voie fémorale peuvent être des solutions.

Ecouter le Dr Jean-Pierre Laroche. « Le sevrage tabagique est très important »