- Des cauchemars récurrents pourraient accélérer le vieillissement biologique et tripler le risque de décès précoce, selon une étude menée sur plus de 187.000 personnes.
- En cause, un stress nocturne intense qui active durablement le cortisol, et une perturbation de la qualité du sommeil, le tout contribuant à l’usure des cellules et du corps.
- Bonne nouvelle, toutefois : les cauchemars sont traitables, notamment grâce aux TCC.
Ils hantent nos nuits, mais pourraient aussi raccourcir nos vies. D’après une recherche présentée lors du congrès 2025 de l’Académie européenne de neurologie (EAN), les cauchemars fréquents seraient associés à un vieillissement biologique accéléré, et même à un triplement du risque de décès prématuré. Une conclusion étonnante, qui fait de ces terreurs nocturnes un véritable enjeu de santé publique.
Une usure du corps déclenchée par le stress nocturne
Menée par le Dr Abidemi Otaiku, chercheur à l’UK Dementia Research Institute et à l’Imperial College de Londres, cette étude a analysé les données de plus de 187.000 adultes et enfants de 26 à 86 ans, suivis pendant près de deux décennies. Les résultats sont sans appel : les personnes qui font des cauchemars chaque semaine ont plus de trois fois plus de risques de mourir avant l’âge de 70 ou 75 ans (selon les cohortes) que ceux qui en font rarement. Plus surprenant encore, cet effet reste valable quels que soient l’âge, le sexe, l’origine ethnique ou l’état psychique – preuve qu’il est universel.
La recherche montre aussi que les cauchemars récurrents sont associés à un vieillissement cellulaire accéléré, mesuré grâce à trois horloges épigénétiques (DunedinPACE, GrimAge, PhenoAge). Environ 40 % du lien entre cauchemars et mortalité précoce serait expliqué par cette usure biologique. "Nos cerveaux endormis ne font pas la différence entre un rêve et la réalité, explique le Dr Otaiku dans un communiqué. C’est pourquoi un cauchemar peut nous réveiller en sueur, à bout de souffle et le cœur qui palpite – car il déclenche une réponse de combat ou de fuite." Autrement dit un pic de cortisol, l’hormone du stress, étroitement liée à un vieillissement plus rapide. "Cette réaction de panique peut être encore plus intense que tout ce que nous vivons pendant l'éveil", précise le chercheur.
Sans compter, bien sûr, que les mauvais rêves "perturbent la qualité et la durée du sommeil, ce qui nuit à la restauration et la réparation cellulaires du corps pendant la nuit". Cette combinaison de stress chronique et de troubles du sommeil serait particulièrement néfaste.
Un facteur de risque modifiable
Contrairement à d’autres facteurs comme le tabac, l’activité physique ou l’alimentation, les cauchemars sont souvent négligés en médecine. Pourtant, ils sont traitables : les thérapies cognitivo-comportementales de l’insomnie (CBT-I) ou la thérapie de répétition d’images (IRT) ont déjà montré leur efficacité. "Si nous parvenons à réduire la fréquence des cauchemars, nous pourrions non seulement améliorer la qualité du sommeil et le bien-être mental, mais peut-être aussi ralentir le vieillissement biologique et prolonger la vie", conclut le Dr Otaiku.