- Les cas de cancer du poumon chez des non-fumeurs sont en hausse.
- Ces tumeurs sont plus fréquentes chez les femmes.
- Elles peuvent être liées à la pollution de l'air intérieur, à des mutations génétiques mais aussi à la pollution atmosphérique.
Le tabac est responsable de 85 % des cancers du poumon dans le monde. Mais il n’est pas la seule cause, d’autant que le tabagisme diminue depuis plusieurs années dans de nombreux pays. Dans un article de la BBC, plusieurs spécialistes alertent sur les cancers pulmonaires non-liés au tabac. Selon leurs estimations, entre 10 et 20 % des diagnostics concernent des personnes n’ayant jamais fumé.
Cancer du poumon chez les non-fumeurs : des cas diagnostiqués à des stades avancés
"Lorsque nous voyons des jeunes de 30 ou 35 ans atteints d'un cancer du poumon, ils ne sont généralement jamais fumeurs", indique Andreas Wicki, oncologue à l'hôpital universitaire de Zurich, en Suisse, au média britannique. Le médecin souligne que la maladie a des caractéristiques moléculaires distinctes. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un adénocarcinome, dont les premiers symptômes apparaissent souvent lorsque la tumeur s’est développée voire propagée. "La plupart des cas chez les jamais fumeurs ne sont donc diagnostiqués qu'au stade 3 ou 4", précise ce spécialiste.
Comment expliquer l’apparition du cancer du poumon chez des non-fumeurs ?
Par ailleurs, les femmes sont plus à risque face à ces cancers du poumon non-liés au tabac. "Les femmes qui n’ont jamais fumé ont plus de deux fois plus de risques de développer un cancer du poumon en comparaison aux hommes qui n’ont jamais fumé", indique une étude parue en 2007. Cela serait notamment lié à une mutation génétique, plus fréquente chez les femmes. Appelée EGFR, elle engendre une plus grande croissance tumorale.
Mais d’autres facteurs peuvent expliquer l’apparition du cancer du poumon chez des non-fumeurs. Des études ont mis en lumière le rôle du radon, un gaz radioactif inodore, incolore et insipide. "Il est issu de la désintégration radioactive naturelle de l'uranium présent dans toutes les roches et les sols", précise l’Organisation Mondiale de la Santé. Sa concentration peut être plus importante dans certaines régions. La pollution de l’air intérieur avec les fumées de cuisson ou de chauffage augmente aussi le risque de cancer du poumon.
La pollution de l'air, l'une des principales causes de cancer du poumon
Mais la principale cause, après le tabagisme, demeure la pollution atmosphérique. En 2019, l’OMS estimait que 4 % des décès prématurés liés à la pollution de l’air extérieur étaient dus à des cancers du poumon. En 2022, des chercheurs ont identifié un mécanisme expliquant l’apparition du cancer du poumon chez des non-fumeurs : les particules fines, issues des gaz d’échappement et de la fumée, favorisent des changements dans les cellules respiratoires. Être porteur de la mutation EGFR augmente le risque. "Lorsque les cellules pulmonaires avec ces mutations ont été exposées aux polluants de l'air, nous avons vu plus de cancers et ceux-ci se sont produits plus rapidement que lorsque les cellules pulmonaires avec ces mutations n'ont pas été exposées aux polluants, ce qui suggère que la pollution de l'air favorise l'initiation du cancer du poumon dans les cellules abritant des mutations des gènes conducteurs", indique Charles Swanton, auteur principal de cette recherche dans un communiqué.
Si la pollution de l’air diminue dans certaines régions du monde ces dernières années, les spécialistes estiment qu’il faudra du temps pour que son impact sur le risque de cancer du poumon baisse. "Il faut probablement 15 à 20 ans pour que les changements d'exposition se reflètent dans les taux de cancer du poumon, indique Christine Berg, oncologue à la retraite du National Cancer Institute du Maryland, aux États-Unis, à la BBC. Mais nous ne le savons pas avec certitude."