- Les changements rapides sur le marché européen des drogues créent de nouveaux risques pour la santé et la sécurité prévient l'EUDA.
- En Europe, il y a eu 7.500 décès liés à l’usage de drogues en 2023 contre 7.100 en 2022.
- Les drogues de synthèse gagnent du terrain en Europe et représentent une "menace émergente" pour la santé de la population, selon le rapport.
Les drogues de synthèse, produits dérivés du cannabis, opioïdes et cathinones, “gagnent du terrain” en Europe. C’est le constat du dernier rapport annuel de l’Agence de l’Union européenne sur les drogues (EUDA) publié ce jeudi 5 juin. Il note par ailleurs que ces substances sont à l'origine de très nombreuses intoxications et décès. Les experts appellent ainsi à agir contre cette “menace émergente” pour la santé.
7.500 décès liés à la drogue en 2023
Après avoir regroupé et analysé les données de la consommation et du marché des stupéfiants des 27 États membres de l’Union européenne ainsi que de la Norvège et de la Turquie, l’Euda a dénombré 7.500 morts liées à l’usage de drogues "dans lesquels des opioïdes associés à d’autres substances étaient principalement en cause" en 2023. Cela représente 400 décès supplémentaires par rapport à 2022.
Cette consommation simultanée de plusieurs produits illicites "reste source de préoccupation" et complique "la mise en place de services efficaces de prévention, de traitement et de réduction des risques", note la 30e édition du rapport annuel.
"La progression de substances très puissantes et de modes de consommation plus complexes pèse lourdement sur les systèmes de santé et de sécurité", a souligné le directeur exécutif de l'EUDA, Alexis Goosdeel lors d'une conférence de presse faisant aussi état d’une "augmentation de l'intimidation, de la violence liée au trafic de drogue" et de "l'implication accrue de jeunes vulnérables partout en Europe".
Il réclame que les pays européens prennent des mesures renforçant les "systèmes de surveillance et d’alerte" afin de réduire les risques sanitaires et sécuritaires liés au trafic de drogue et des nouvelles substances de synthèse.
La cocaïne est la drogue stimulante illicite la plus consommée en Europe
En effet, les nouvelles drogues de synthèse qui circulent en Europe ont été à l’origine de plusieurs incidents et décès.
Le rapport précise notamment que “88 nouveaux opioïdes de synthèse sont apparus sur le marché européen des drogues”, depuis 2009. Ces produits “très puissants” présentent "un risque important d’intoxication et de décès".
La disponibilité accrue des cathinones synthétiques, drogues dérivées d'un alcoaloïde présent dans les feuilles du khat et ayant des effets similaires aux amphétamines, inquiètent également les experts. Trente-sept tonnes ont été saisies en Europe en 2023, contre 27 en 2022 et 4,5 en 2021.
Selon le rapport, la cocaïne détient le titre de drogue stimulante illicite la plus consommée avec environ 4,6 millions d’Européens qui en ont pris. "Son impact négatif sur la santé publique suscite des inquiétudes croissantes. C'est la deuxième drogue illicite la plus fréquemment signalée par les personnes entrant pour la première fois dans les services de traitement de la toxicomanie (35.000 en 2023 contre 31.500 en 2022)", indique le document.
De son côté, le cannabis est la drogue la plus consommée en Europe avec 24 millions d’Européens (15 à 64 ans) ayant reconnu en avoir pris au cours de l'année écoulée. L’agence fait aussi part de ses craintes concernant les produits vendus comme du cannabis. Ces derniers "peuvent être frelatés avec des nouveaux cannabinoïdes de synthèse à forte teneur en principe actif, à l'insu des utilisateurs", prévient-elle. D’ailleurs, les auteurs rapportent une épidémie de 30 intoxications aiguës non mortelles liées à des "gummies" survenue en Hongrie en juin 2024.
Après la publication de son rapport, l'EUDA a annoncé travailler sur la mise en place d'un "système européen d’alerte", "un système d’évaluation des menaces pour la santé et la sécurité" et un réseau de laboratoires d’analyses médico-légales et toxicologiques afin d'améliorer le partage des informations sur les évolutions des drogues de synthèse.