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Infectiologie

Paludisme : comment le parasite échappe au système immunitaire

Des chercheurs ont découvert la façon dont le parasite Plasmodium falciparum, à l'origine de formes graves du paludisme, pouvait échapper au système immunitaire et affecter durablement l’humain.

Paludisme : comment le parasite échappe au système immunitaire frank600/iStock




L'ESSENTIEL
  • Le parasite Plasmodium falciparum échappe au système immunitaire en changeant régulièrement de protéines de surface grâce à ses gènes “var”.
  • Certains parasites désactivent même tous les gènes pour devenir invisibles et se cacher dans la moelle osseuse ou la rate.
  • Cette stratégie permet au parasite de rester longtemps dans l’organisme sans symptômes, tout en continuant à se transmettre.

En 2023, 597.000 personnes atteintes du paludisme en sont décédées, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cette maladie est due à des parasites du genre Plasmodium, transmis lors d’une piqûre de moustique. Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Microbiology, des chercheurs ont exclusivement travaillé sur le Plasmodium falciparum. Ce type de parasite est à l’origine des formes les plus sévères de paludisme, d'après la Fondation pour la recherche médicale. Le but des chercheurs était de mieux comprendre les mécanismes qui permettent à Plasmodium falciparum d’échapper au système immunitaire. 

Le parasite s’adapte pour échapper au système immunitaire

Lorsque le Plasmodium falciparum est dans l’organisme, il se multiplie dans le foie puis dans les globules rouges. Pour réussir son infection, il doit éviter deux choses : d’être éliminé par la rate, qui filtre les cellules sanguines, et l’activation du système immunitaire.

Sa solution s’appelle “var”. Chaque parasite dispose de 60 gènes “var” qui peuvent, s’ils sont activés, produire des protéines qui aident le globule rouge infecté à se coller aux parois des vaisseaux sanguins. Ainsi, il passe inaperçu et n’est pas filtré par la rate. Voici donc le premier obstacle évité. Reste le système immunitaire. 

Au bout d’une semaine, les cellules immunitaires peuvent détecter la protéine et fabriquer des anticorps pour éliminer le parasite. Là encore, Plasmodium falciparum s’adapte. Comme il n’active qu’un gène “var” à la fois, il désactive celui utilisé jusque-là et en exprime un autre. Ainsi, les anticorps développés ne le reconnaissent plus comme pathogène, et le parasite peut donc continuer à infecter la personne. 

N’activer aucun gène et se cacher dans la moelle osseuse

Les chercheurs ont ensuite étudié le comportement des parasites de manière individuelle. Ils ont alors découvert que certains parasites expriment deux ou trois gènes “var” en même temps ou, à l’inverse, aucun. Cet 'état nul', dans lequel les parasites présentent peu ou pas d’expression du gène 'var' (...) met en lumière un nouvel aspect de la façon dont le paludisme échappe à la reconnaissance de notre système immunitaire”, explique le Dr le Dr Francesca Florini, l’un des auteurs, dans un communiqué

Mais, s’il n’exprime aucun gène “var”, le parasite ne peut plus échapper à la rate. Pourtant, s’il survit, c’est qu’il a d’autres stratégies : “Nous soupçonnons que les parasites se cachent dans la moelle osseuse ou dans une poche extensible de globules rouges non circulants qui s’accumule au centre de la rate, précise le Dr Kirk Deitsch. Si un globule rouge peut rester là pendant 24 heures, c'est suffisamment long pour que le parasite termine son cycle de vie.

Cette découverte permet de mieux comprendre la façon dont le parasite peut rester des années dans l’organisme d’une personne qui n’a pas de symptôme : celui-ci s’adapte et se cache pour ne pas être détecté par le système immunitaire. Mais, si la personne est piquée par un moustique, celui-ci pourra transmettre le Plasmodium falciparum à sa prochaine proie humaine et l’infecter, avec le risque de développer une forme grave de paludisme.  

Les campagnes actuelles de lutte contre le paludisme se concentrent généralement sur le traitement des personnes, des enfants, qui présentent des symptômes, souligne le Dr Kirk Deitsch. Ces résultats suggèrent que nous devons prendre en compte les adultes asymptomatiques qui peuvent être porteurs de parasites potentiellement transmissibles.

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