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Etude sur 1000 citadins

Les espaces verts améliorent durablement la santé mentale

Par Audrey Vaugrente

Vivre en ville dans un quartier riche en espaces verts améliore la santé mentale. Une étude démontre que l'effet positif se maintient pendant plusieurs années.

Central Park (New-York) : un modèle d'espace vert dans la ville (David Goldman/AP/SIPA)
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Et s'il suffisait de plus d'espaces verts pour réduire le nombre de dépressions ? Se mettre au vert pour se sentir mieux, c'est ce que suggère une récente étude, menée par l'école de médecin d'Exeter (Royaume-Uni). Le rapport, publié dans Environmental Science & Technology, fournit de nouveaux arguments aux adeptes du parc urbain.

 

Le moral chute dans une ville « grise »

Alors qu'en 2012 la dépression est désignée « première cause d'incapacité au monde » par l'Organisation Mondiale de la Santé, quelques recherches lient notre bien-être à la présence d'espaces naturels au sein des villes. Cette étude a comparé la santé mentale d'un millier de participants britanniques pendant cinq ans. Les premiers ont vécu deux ans dans une aire urbaine « grise » (pas ou peu d'espaces verts) puis a déménagé vers une zone plus verte où ils ont vécu au moins trois ans. Les seconds ont fait le trajet inverse.

 

En général, les participants qui déménagent vers des quartiers plus verts ressentent une amélioration immédiate et durable de leur santé mentale. Autre constat : ceux qui déménagent vers une zone grise enregistrent une baisse de moral avant même leur déménagement ! En revanche, il revient à la normale une fois les cartons déballés dans le second logement. « Déménager vers une aire urbaine plus verte est associé à une amélioration durable de la santé mentale, ce qui suggère que les politiques environnementales qui accroissent les espaces verts urbains peuvent apporter des bienfaits durables à la santé publique, » conclut l'étude. Un message directement adressé aux urbanistes.

 

La nature plus efficace que le mariage

En comparant cet effet avec ceux ressentis après un mariage ou une victoire au jeu, le Dr Ian Alcock s'est aperçu qu'il était bien plus durable. « Après un mariage, la santé mentale des gens s'améliore, mais seulement sur le court terme. Elle revient rapidement à un niveau proche de celui avant le mariage. Et après une petite victoire à la loterie, la santé mentale s'améliore aussi, mais seulement petit à petit, à mesure que les gens s'habituent à ce qui leur arrive. En revanche, nous avons découvert que lorsque les gens déménagent vers un quartier plus vert, leur santé mentale s'améliore tout de suite et que cette amélioration dure au moins au cours des trois ans de suivi, » explique l'auteur principal de l'étude.

 

Regardez l'interview (en anglais) du Dr Ian Alcock, auteur principal de l'étude 

 

L'écopsychologie, une nouvelle discipline

« On savait, grâce à des études précédentes, qu'en général la santé mentale des gens est meilleure lorsqu'ils vivent dans une zone urbaine plus verte, » signale le Dr Alcock. En effet, dès 1972, il est établi qu'un séjour de deux semaines en pleine nature améliore la confiance en soi, le calme intérieur et la faculté à penser clairement. Plus récemment, en 2009, une étude menée aux Pays-Bas a révélé que vivre à proximité d'un espace vert diminue le risque de dépression, d'anxiété et de stress. Elle décrit la densité de l'espace en question comme un facteur déterminant de bien-être.  D'autres études accusent l'urbanisation d'être responsable du mal-être croissant. Dans les pays développés, où elle concerne presque 80% de la population, la dépression est plus fréquente.

 

Outre-Atlantique, une nouvelle discipline émerge, inspirée de ces études : l'écopsychologie. Partant du principe que l'éloignement de la nature nous fait souffrir, elle prône la réconciliation. Créée en 1992 par l'historien et romancier américain Theodore Roszak, la discipline voit l'environnement urbain comme une source de stress qui favorise les comportements agressifs et impulsifs. La nature, elle, serait le moyen de s'apaiser. Dans la même veine, le journaliste américain Richard Louv décrit en 2005 le « trouble déficitaire de la nature ». Cette notion, non reconnue médicalement mais en vogue chez les adeptes de la verdure en ville, explique les troubles émotionnels chez l'enfant et l'adulte par l'absence de nature dans la vie urbaine. Pour vivre heureux donc, il semble nécessaire de vivre plus vert.