ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Enceinte et vierge: 1 Américaine sur 200 en est persuadée

Etude dans le BMJ

Enceinte et vierge: 1 Américaine sur 200 en est persuadée

Par Audrey Vaugrente

Les « mères vierges » ne sont pas si rares : selon une étude du BMJ de Noël, plusieurs jeunes femmes placent leur première relation sexuelle après leur grossesse.

WIDMANN PETER/TPH/SIPA

L’immaculée conception serait-elle possible pour certaines jeunes femmes ? Alors qu’aucune grossesse spontanée n’a été relevée dans l'espèce humaine, une jeune Américaine sur 200 situe sa première grossesse avant la première relation sexuelle. Ce sont les résultats d'une étude parue dans l’édition de Noël du British Medical Journal, qui publie des recherches décalées mais tout à fait sérieuses.

 

Vœux de chasteté et culture religieuse

Plus de 7 800 jeunes femmes, âgées de 15 à 28 ans, ont répondu à des questionnaires en ligne. Aucune question ne mentionnait spécifiquement les grossesses virginales, mais les chercheurs ont tiré des réponses une chronologie approximative. Entre 0,5% et 1% des participantes se considéraient toujours comme vierges au moment de leur grossesse et n’ont pas eu recours à la fécondation in vitro. Autrement dit, elles situent leur première relation sexuelle après leur accouchement.

 

On peut expliquer ces déclarations par une culture religieuse très forte. Sur 45 jeunes femmes qui se décrivent comme enceintes et vierges, un tiers ont signé un « vœu de chasteté », c’est-à-dire qu’elles se sont engagées à ne pas avoir de relation sexuelle avant leur mariage. Cette pratique est répandue dans les familles très chrétiennes. Comme le soulignent les auteurs de l’étude, « la grossesse virginale est associée à des mœurs culturelles qui placent en haute valeur la virginité. » Et la parthénogenèse est souvent évoquée par les différentes religions.

 

Une mauvaise compréhension ?

Pour autant, le miracle de Noël ne suffit pas à expliquer que tant de jeunes femmes se disent « mères vierges. » Des « trous de mémoire » doivent aussi être envisagés, ainsi qu’une réaction de déni. Une jeune femme qui a eu une relation sexuelle non désirée, ou avec un homme qu’elle n’aime pas, peut décider que « cela ne compte pas » et se décrit donc comme vierge.

 

Selon les auteurs, on ne doit pas non plus exclure une mauvaise compréhension des questions pour certains cas : « Même si la plupart des grossesse ont eu lieu à l’âge adulte, quelques participantes ont pu mal interpréter la définition de rapport sexuel. Dans une étude auprès d’étudiants en universités canadiennes, 90% [des répondants] considéraient qu’une relation pénis-vagin avec orgasme était "faire l’amour" »

 

Une question de définition

Un décalage dans la définition de la virginité peut expliquer une partie de ces réponses. Les auteurs citent une étude menée en Afrique, qui concluait que la définition de première relation sexuelle signifiait première relation sexuelle avec son mari.

 

La perception même de ce qu’est une relation sexuelle est à questionner. Dans certaines communautés religieuses, le sexe avant le mariage est interdit. Mais la virginité se définit par la présence de l’hymen. Certaines jeunes femmes ont donc des relations, sans aller jusqu’à la pénétration. Mais cela ne signifie pas qu’il est impossible de tomber enceinte : il suffit que le sperme ait accès au vagin pour remonter jusqu’aux ovaires. Dès lors qu’il y a fécondation, il y a grossesse… mais la femme se considère toujours comme vierge.

 

Les chercheurs soulignent également le manque d’éducation sexuelle chez ces jeunes femmes : elles ne sont souvent pas sensibilisées aux techniques de contraception et aux relations sexuelles. Une conclusion ressort de ces résultats : de telles affirmations, scientifiquement impossibles, démontrent à quel point il faut être prudent lorsque les personnes interrogées décrivent leur propre comportement.