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Sexualité

Trouble de l'érection : les fibroblastes du corps caverneux comme piste thérapeutique

Par Diane Cacciarella

Des chercheurs ont découvert que le nombre de fibroblastes présents dans le corps caverneux favorise l’érection, ce qui pourrait, à terme, permettre la mise au point de nouveaux traitements pour les hommes souffrant de dysfonction érectile. 

LightFieldStudios/iStock
Le nombre de fibroblastes présents dans les corps caverneux favorise l’érection en neutralisant la noradrénaline, un neurotransmetteur.
Le nombre de fibroblastes présents dans le pénis est affecté par la fréquence des érections.
Plus les érections sont fréquentes, plus le nombre de fibroblastes augmente.

Selon un sondage IFOP, six hommes sur dix ont déjà rencontré un problème d’érection au moins une fois au cours de leur vie. En 2005, ils étaient 44 %, ce qui signifie que ce problème augmente. Des traitements existent, mais l’efficacité n’est pas la même d’un patient à l’autre. La recherche se poursuit donc pour offrir de nouvelles solutions aux hommes.

Le nombre de fibroblastes favorise l’érection

Et, justement, dans une étude récemment publiée dans la revue Science, des chercheurs suédois du Karolinska Institutet et de l’Université d’Uppsala ont fait des découvertes qui pourraient, à terme, ouvrir la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques. 

Leurs travaux concernent les fibroblastes. Il s’agit de cellules présentes dans les corps caverneux. Quand ces derniers, situés sur le dessus du pénis, se remplissent de sang, cela permet l’érection. Mais ce processus est aussi lié à la noradrénaline, un neurotransmetteur. Lorsque la noradrénaline est trop présente, l'érection est difficile.

Dans leurs travaux, les scientifiques ont travaillé sur des souris et ont découvert que les fibroblastes pouvaient neutraliser la noradrénaline et donc favoriser l’érection. Ainsi, plus les fibroblastes sont nombreux, plus ils favorisent l’érection. 

La seconde découverte des scientifiques est que le nombre de fibroblastes présents dans le pénis est affecté par la fréquence des érections. Ainsi, plus les érections sont fréquentes, plus le nombre de fibroblastes augmente. Et inversement : moins les érections sont fréquentes, moins il y a de fibroblastes.

Ce n’est vraiment pas si étrange, indique Christian Göritz, principal chercheur de l’étude. Si vous faites beaucoup d’efforts, votre corps s’adapte. Si vous courez régulièrement, il deviendra finalement plus facile de respirer en courant.

Les érections fréquentes préviennent-elles la dysfonction érectile ?

Mais les conclusions de ces travaux menés chez la souris sont-elles les mêmes pour l’homme ? “Les mécanismes de base de l’érection sont très similaires chez tous les mammifères en ce qui concerne l’anatomie, la structure cellulaire, etc., répond Christian Göritz. Cependant, il existe une différence entre les humains et la plupart des mammifères : ils ont un os dans leur pénis. Cela signifie qu’une régulation efficace du flux sanguin est probablement encore plus importante pour la reproduction humaine.

L’âge est un autre facteur qui influence le nombre de fibroblastes. Les scientifiques ont observé que les souris les plus âgées en avaient moins, ce qui influence donc la capacité érectile. Chez l’homme, la prévalence des troubles de l’érection augmente aussi avec l’âge. En effet, selon l’Assurance Maladie, “ils concernent surtout les hommes de plus de 50 ans”. 

Ainsi, avoir des érections de façon régulière pourrait donc jouer un rôle préventif contre les troubles de l’érection en stimulant la production de fibroblastes.  “Ce n’est pas quelque chose que nous avons montré dans notre étude, c’est donc un peu spéculatif, mais une interprétation raisonnable est que cela devient plus facile si vous avez des érections régulières”, explique Christian Göritz. Et peut-être qu’à terme, ces découvertes sur le rôle des fibroblastes permettront la mise au point de nouveaux traitements contre les troubles de l’érection.