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Obésité

Régime : la perte de poids modifie le microbiote intestinal et l'activité cérébrale

Par Chloé Savellon

La restriction énergétique intermittente, qui consiste à alterner entre jours de jeûne et jours de repas normaux, change l'axe cerveau-intestin.

Dacharlie/iStock
La restriction énergétique intermittente consiste à alterner entre jours de jeûne et jours de repas normaux.
Après avoir suivi cette méthode durant deux mois, une réduction de l'activité des régions cérébrales, impliquées dans la régulation de l'appétit et de l'addiction, a été observée chez les patients obèses.
Au sein du microbiote intestinal, l’abondance des bactéries Faecalibacterium prausnitzii, Parabacteroides distasonis et Bacterokles uniformis a fortement augmenté, tandis que celle d’Escherichia coli a diminué.

L'obésité est un problème de santé publique mondial, dont l'incidence ne cesse d'augmenter. Cette maladie chronique est un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, de diabète et de certains cancers. Cependant, perdre du poids de façon permanente n’est pas facile. On sait que des interactions complexes entre les systèmes corporels, tels que la physiologie intestinale, les hormones et le cerveau, s’y opposent.

"La restriction énergétique intermittente, où des jours de jeûne relatif alternent avec des jours de repas normaux, est une stratégie de perte de poids efficace. Cependant, on sait peu de choses sur les effets de cette méthode sur l’axe cerveau-intestin", ont indiqué des chercheurs chinois. C’est pourquoi ils ont décidé de réaliser une étude publiée dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology.

Obésité : 25 patients ont fait la restriction énergétique intermittente durant deux mois

Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques ont recruté 25 personnes obèses, âgées de 27 ans, qui ont réussi à perdre du poids en faisant la restriction énergétique intermittente durant deux mois. Dans le détail, les volontaires ont subi une "phase de jeûne hautement contrôlée" de 32 jours au cours de laquelle ils ont reçu des repas personnalisés conçus par un diététicien, avec une valeur calorique diminuant progressivement jusqu'à un quart de leur apport énergétique de base. Au cours des 30 jours restants, ils ont subi une "phase de jeûne faiblement contrôlée", au cours de laquelle ils ont reçu une liste d'aliments recommandés. Les femmes ingéraient 500 calories par jour et 600 calories pour les hommes.

Ensuite, les participants ont effectué une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) afin que l’équipe puisse analyser leur activité cérébrale. "Un séquençage métagénomique a été réalisé pour identifier les microbes intestinaux différemment abondants et les voies d'entrée à partir d'échantillons fécaux."

La perte de poids a réduit l'activité cérébrale et modifié l’abondance des bactéries intestinales

À la fin de l’étude, le poids des adultes avait diminué en moyenne de 7,6 kg, soit 7,8 %. Leur graisse corporelle et leur tour de taille ont diminué. C’était aussi le cas pour leur tension artérielle, leurs taux sériques de glucose plasmatique à jeun, de cholestérol total, de HDL et de LDL, l'activité des principales enzymes hépatiques. Ces réductions suggèrent que la restriction énergétique intermittente contribue à réduire les comorbidités liées à l’obésité comme l’hypertension, l’hyperlipidémie et le dysfonctionnement hépatique.

Selon les résultats, une diminution de l'activité des régions cérébrales, impliquées dans la régulation de l'appétit et de l'addiction, a été observée après la restriction énergétique intermittente. Cette méthode "a réduit l'abondance d’Escherichia coli à plusieurs moments tout en augmentant l'abondance des bactéries Faecalibacterium prausnitzii, Parabacteroides distasonis et Bacterokles uniformis liés à l'obésité."

Des analyses plus approfondies ont montré que l'abondance des bactéries E. coli, Coprococcus come et Eubacterium hallii était liée négativement à l'activité du gyrus frontal inférieur orbitaire gauche du cerveau, connu pour jouer un rôle clé dans la fonction exécutive, y compris notre volonté de perdre du poids. En revanche, l’abondance des bactéries Parabacteroides distasonis et Flavonifractor plautii était positivement corrélée à l’activité des régions cérébrales associée à l’attention, aux émotions et à l’apprentissage.

"Le microbiote intestinal communique avec le cerveau d'une manière complexe et bidirectionnelle"

"On pense que le microbiote intestinal communique avec le cerveau d'une manière complexe et bidirectionnelle. Le microbiome produit des neurotransmetteurs et des neurotoxines qui accèdent au cerveau par les nerfs et la circulation sanguine. En retour, le cerveau contrôle le comportement alimentaire, tandis que les nutriments de notre alimentation modifient la composition du microbiote intestinal", a déclaré le Dr Xiaoning Wang, auteur des recherches, dans un communiqué.