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Analyse

Apnée du sommeil : comment améliorer la prise en charge ?

Par Mathilde Debry

Le professeur Jean-Louis Pépin explique comment améliorer la prise en charge des personnes qui souffrent d’apnée du sommeil.

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Le professeur Jean-Louis Pépin a livré des éléments susceptibles d’améliorer la prise en charge des personnes souffrant d’apnée du sommeil.
Pour améliorer la prise en charge de l’apnée du sommeil en France, un des enjeux majeurs est d’augmenter l’observance de la PPC.
Pour ce faire, Jean-Louis Pépin met en lumière deux facteurs qui favorisent l’arrêt des traitements : avoir un faible statut socio-économique et/ou une vie de couple compliquée.

Lors du grand Congrès du Sommeil® qui s’est récemment tenu à Lille, le professeur Jean-Louis Pépin, membre du service de pneumologie-physiologie au CHU Grenoble Alpes, a livré des éléments susceptibles d’améliorer la prise en charge des personnes souffrant d’apnée du sommeil.

Apnée du sommeil : "des malades très hétérogènes"

"Nous faisons face à des malades qui sont très hétérogènes dans leur présentation et dans leur évolution", commence-t-il. "L’apnée du sommeil est en effet une maladie chronique qui a des trajectoires d’évolution, d’agrégation de comorbidités et de complications très différentes des unes des autres", poursuit-il.

"Aujourd’hui, on traite les malades souffrant d’apnée du sommeil essentiellement la nuit par pression positive continue ou 'PPC' (1.600.000 personnes bénéficient de ce dispositif aujourd’hui en France)", explique Jean-Louis Pépin. "Mais les taux d’arrêt de ces traitements sont importants : 23 % après un an, 37 % après deux ans et presque 48 % après trois ans, ce qui augmente les risques de mortalité et d’événements cardiovasculaires", précise-t-il.

Apnée du sommeil : ces facteurs méconnus qui favorisent l’arrêt des traitements

Pour améliorer la prise en charge de l’apnée du sommeil en France, un des enjeux majeurs est donc d’augmenter l’observance de la PPC. Pour ce faire, Jean-Louis Pépin met en lumière deux facteurs qui favorisent l’arrêt des traitements : avoir un faible statut socio-économique et/ou une vie de couple compliquée.

"Les malades vivant dans les conditions économiques les plus basses enregistrent à peu près une heure d’observance de moins des traitements que la moyenne. Si vous vivez dans un petit appartement, avec des individus multiples et de nombreux soucis dans votre vie quotidienne, vous avez bien sûr beaucoup moins de chance de respecter votre traitement. Ce sont des choses qui nécessitent d’être regardées, mais qu’on ne relève pas beaucoup dans nos interrogatoires, qu’on ne met pas dans nos dossiers médicaux et qu’on n’inscrit pas dans nos cohortes de recherche", déplore le professeur.

Concernant la vie de couple, notre pneumologue développe : "Si le patient forme un jeune couple avec des enfants et des horaires de travail, il n’aura pas les mêmes durées de sommeil que s’il forme un couple de retraités. Par ailleurs, il a été démontré que lorsqu’une personne souffrant d’apnée du sommeil a une mauvaise qualité de mariage, ses symptômes ne s’amélioreront pas même si elle fait correctement sa PPC. A l’inverse, si ma qualité de mariage est excellente, j’aurai une très grande amélioration de mes symptômes même avec une observance moyenne de mes traitements. Toutes ces dimensions ne sont pas regardées par les prestataires, et très peu regardées par les médecins."

Apnée du sommeil : portrait-robot de ceux qui arrêtent leur traitement

D’autres facteurs, cette fois-ci mieux identifiés et pris en compte par le corps médical, peuvent eux aussi entraîner un non-respect de la PPC. "Les femmes, les malades qui ont des âges extrêmes (c’est-à-dire qui sont soit très jeunes soit très vieux) et les patients qui souffrent de comorbidités (BPCO, diabète, hypertension, etc) sont ceux qui ont le plus de risque d’arrêter leur traitement contre l’apnée du sommeil. Ainsi, une femme de 40 ans qui souffre d’un diabète et d’une BPCO en plus d’une apnée du sommeil a par exemple un risque trois fois plus important d’arrêter sa PPC que les autres patients", rappelle Jean-Louis Pépin. "La présence d’apnée centrale sous PPC est aussi associée à une probabilité plus grande d’arrêt des soins et à une moins bonne observance", complète-t-il.

"L’appréciation de tous ces risques par les médecins est importante, car une prise en charge cognitivo-comportementale avant la mise sous PPC améliore les scores d’insomnie et d’observance du traitement (+61 minutes)", termine le médecin. "Il ne faut pas rester à des choses caricaturales, il faut vraiment moduler et personnaliser les traitements de chaque patient", conclut le professeur Jean-Louis Pépin.

Apnée du sommeil : origine, symptômes et diagnostic

Le syndrome des apnées-hypopnées du sommeil, souvent raccourci en "apnées du sommeil", est une pathologie qui trouve son origine dans le pharynx : les structures molles qui le composent se relâchent pendant la nuit et se mettent parfois à vibrer au passage de l’air. Dans les cas plus problématiques, le pharynx se ferme et le passage de l’air vers les poumons devient difficile (on parle "d’hypopnée" quand la fermeture est incomplète et "d’apnées" quand la fermeture est totale, NDRL). Une baisse transitoire en oxygène dans le sang est alors observée.

Une apnée du sommeil se termine avec un micro-réveil. Ainsi, la nuit d’un individu apnéique est entrecoupée d’une multitude de micro-réveils.

Le diagnostic des apnées du sommeil est établi en effectuant des tests dans un centre spécialisé dans les troubles du sommeil ou en consultant un médecin compétent dans ce domaine. Les signes qui peuvent indiquer la présence d’apnées du sommeil comprennent les ronflements, la somnolence excessive et la fatigue.