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Médicament

Obésité : le sémaglutide réduit de 20 % les événements cardiovasculaires

Par Stanislas Deve

Le sémaglutide, médicament prescrit en cas de surpoids ou d’obésité chronique, permettrait de diminuer les risques de maladies cardiovasculaires, selon un nouvel essai clinique.

Antonio_Diaz / istock
Plus de la moitié de la population mondiale devrait être en surpoids ou souffrir d'obésité d'ici 2035, selon l’étude. On estime qu'un indice de masse corporelle élevé a représenté 4 millions de décès dans le monde en 2015, dont plus des deux tiers ont été causés par des maladies cardiovasculaires.
"Le sémaglutide réduit le poids corporel et la masse grasse en diminuant les apports énergétiques, entraînant une réduction générale de l'appétit. En outre, le sémaglutide réduit la préférence pour les aliments à forte teneur en graisse." (Vidal)
Les résultats de l’étude montrent que le sémaglutide réduit les événements cardiovasculaires de 20% chez les adultes souffrant d’une maladie cardiovasculaire et de surpoids ou d’obésité, mais sans diabète.

"On sait que le surpoids et l'obésité augmentent le risque d'événements cardiovasculaires d'une personne. Pourtant, bien que la réduction des maladies cardiovasculaires en traitant l'hypercholestérolémie, l'hypertension artérielle et le diabète soit une pratique courante, l’idée de traiter directement l'obésité (par le mode de vie ou des médicaments) pour réduire les risques a été entravée par le manque de preuves attestant que cela améliore les résultats cardiovasculaires", explique le chercheur Michael Lincoff, de la Clinique de Cleveland, aux Etats-Unis.

Mais une nouvelle étude menée par son équipe de recherche pourrait bien changer la donne, en révélant que le sémaglutide, ce médicament prescrit notamment aux adultes souffrant de surpoids ou d’obésité chronique, peut réduire drastiquement leurs chances de souffrir de troubles cardiovasculaires.

Un traitement au sémaglutide sur des milliers de volontaires en surpoids

Pour arriver à ces conclusions, publiées dans le New England Journal of Medicine, les chercheurs se sont appuyés sur une cohorte de plus de 17.000 patients d’au moins 45 ans qui avaient une maladie cardiovasculaire préexistante (infarctus, AVC, maladie artérielle...) et un indice de masse corporelle (IMC) de 27 ou plus, mais sans aucun antécédent de diabète de type 2. Les volontaires ont été suivis pendant 40 mois en moyenne, après avoir été assignés au hasard pour recevoir soit une injection hebdomadaire de sémaglutide (2,4g) soit un placebo. En parallèle, tous les participants ont aussi reçu "un traitement de première qualité" contre les maladies cardiovasculaires, comme un bêta-bloquant.

Résultat, au cours de l’essai clinique qui s’est déroulé de 2018 à 2023, 6,5 % des patients traités au sémaglutide sont décédés d’un événement cardiovasculaire, contre 8 % des patients ayant reçu le placebo. Autrement dit, le médicament aurait réduit de 20 % le risque relatif cardiovasculaire, et ce, quel que soit le sexe, l’âge ou le poids de corps initial des patients.

Le sémaglutide réduit le risque cardiovasculaire chez les patients obèses

Les chercheurs ont, sans surprise, observé que les patients traités au sémaglutide ont "perdu en moyenne 9,4 % de leur poids corporel", principalement grâce à l’effet "suppression de l’appétit" du médicament, peut-on lire dans un communiqué. Mais ils ont surtout constaté que le sémaglutide permettait aussi de réduire les risques cardiovasculaires en "améliorant les niveaux de glucose, en diminuant la pression artérielle et le taux de cholestérol, en réduisant l’inflammation de l’organisme", sans compter "des effets bénéfiques sur le muscle cardiaque et les vaisseaux sanguins".

"C'est le premier traitement médicamenteux pour le surpoids ou l'obésité qui montre de manière rigoureuse des effets de réduction du risque d'événements cardiovasculaires", se félicite Michael Lincoff, auteur principal de l’essai. "Cette étude sur le sémaglutide démontre l'efficacité d'une nouvelle voie pour limiter le risque associé à l'obésité de complications cardiovasculaires importantes et potentiellement mortelles."