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Découvert dans un grotte espagnole

Un ADN vieux de 400 000 ans livre ses secrets

Par Julian Prial

L'ADN d'un être humain vieux de 400 000 ans a été reconstitué à partir d'un os découvert dans une grotte. Un exploit qui pourrait nous permettre de suivre les traces de nos plus vieux ancêtres.     

SUPERSTOCK/SIPA

C'est un jour important pour la science ! Le plus vieil ADN au monde vient d'être séquencé. Datant de 400 000 ans, il a en fait été récupéré sur un os trouvé dans une grotte espagnole. Mais la découverte ne s'arrête pas là, car cet os a révélé ses secrets. Il montre en effet des liens génétiques étonnants entre nos lignées d'ancêtres. Ce véritable exploit scientifique, révélé mercredi dans la revue scientifique Nature, pourrait nous permettre de remonter suffisamment dans le temps pour suivre l'évolution génétique des hommes.

Le plus ancien ADN n'avait que 80 000 ans

C'est une équipe internationale de chercheurs qui est parvenue à extraire et à analyser de l'ADN vieux de 400 000 ans sur un fémur trouvé dans le Sima de los Huesos (« le gouffre des os » d'Atapuerca, nord de l'Espagne). En arrivant dans ce lieux chargé d'histoire, les scientifiques pensaient mettre la main sur un gisement abritant des ossements des formes les plus primitives d'hommes de Néandertal, voire de leur ancêtre Homo heidelbergensis.

Jusqu'à présent, le plus ancien génome humain séquencé était âgé de « seulement » 70 000 à 80 000 ans. Il appartenait à une fillette membre d'un groupe d'hominidés primitifs, les « Hommes de Denisova », proches cousins de Neandertal et de l'humain moderne, qui ont transmis certains de leurs gènes aux habitants actuels de l'Asie du sud-est, en particulier aux Papous. Et c'est justement de cette lignée que proviendrait l'os trouvé dans la grotte espagnole, mais en plus ancien encore et avec quelques différences génétiques. « Ce résultat inattendu indique que l'origine des néandertaliens et des humains modernes a suivi une évolution complexe. J'espère que de nouvelles recherches vont pouvoir clarifier les relations génétiques entre les hominidés du Gouffre des os d'un côté et les néandertaliens et les dénisoviens de l'autre », souligne dans un communiqué l'un des auteurs de l'étude, Juan-Luis Arsuaga, directeur du Centre pour la recherche sur l'évolution et le comportement humain de Madrid.

« Incroyablement enthousiasmant ! »
Car en effet, même s'il partage bien des traits avec les Dénisovienscet homme de Sima a, en réalité, divergé de cette lignée quelque 700 000 ans avant notre ère, souligne l'étude. Ainsi, cette prouesse « ouvre la voie à l'analyse des gènes des ancêtres des Néandertaliens et des Dénisoviens », résume Svante Pääbo, directeur de l'Institut Max Planck (Allemagne) mondialement connu pour ses travaux sur la génétique des hominidés. Ces résultats montrent que l'on pourra désormais « étudier l'ADN de nos ancêtres humains vieux de centaines milliers d'années. C'est incroyablement enthousiasmant ! », conclut-il.