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Santé et environnement

Parkinson : la pollution de l'air augmente le risque de 56 %, selon une vaste étude

Par Alexandra Wargny Drieghe

Une étude révolutionnaire révèle un lien entre l’incidence de la maladie de Parkinson et la pollution de l’air aux particules fines.

francescoch/Istock
Des études ont déjà montré que les particules fines peuvent entraîner une inflammation dans le cerveau, un mécanisme connu par lequel la maladie de Parkinson pourrait se développer.
Ici, les chercheurs révèlent un lien entre l'incidence de la maladie de Parkinson et la pollution de l'air aux particules fines. 
Plus précisément, l'analyse des données provenant de près de 22 millions de personnes montre un risque accru de 56 % de développer cette pathologie chez les personnes les plus exposées aux PM2,5.

La maladie de Parkinson est située au deuxième rang des maladies neurodégénératives, après la maladie d’Alzheimer. Cette pathologie se caractérise par la perte progressive de neurones à dopamine de la substance noire du cerveau, entraînant des troubles moteurs (tremblements, lenteur des mouvements, raideur musculaire, etc) et non moteurs (état dépressif, fatigue, troubles du sommeil, douleurs, etc). Si certains facteurs de risque génétiques sont bien connus des scientifiques, les facteurs environnementaux sont encore peu compris. D’ailleurs, même si depuis 2012, la maladie de Parkinson est reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs exposés de façon prolongée aux pesticides, “les mécanismes cellulaires et moléculaires en jeu ne sont toujours pas connus”, rappelle la Fondation pour la recherche médicale.

Alors qu’en est-il de la pollution de l’air ? “Malgré des années de recherche visant à identifier les facteurs de risque environnementaux de la maladie de Parkinson, la plupart des efforts se sont concentrés sur l'exposition aux pesticides”, avance Brittany Krzyzanowski, PhD, chercheuse au Barrow Neurological Institute. “Cette étude suggère que nous devrions également considérer la pollution de l'air comme un facteur contribuant au développement de la maladie de Parkinson”, ajoute-t-elle pour présenter les résultats de ses travaux publiés dans la revue médicale Neurology, le 30 octobre 2023.

PM2,5 et Parkinson : près de 22 millions de personnes ont participé à l’étude

De précédents travaux ont déjà montré que les particules fines peuvent entraîner une inflammation dans le cerveau, un mécanisme connu par lequel la maladie de Parkinson pourrait se développer. “Grâce à des techniques d’analyse géospatiale de pointe, nous avons pu, pour la première fois, confirmer une forte association à l’échelle nationale entre l’incidence de la maladie de Parkinson et les particules fines aux États-Unis”, explique la chercheuse.

En tout, 21.639.190 bénéficiaires de Medicare -un programme d’assurance maladie pour les citoyens américains- ont participé à cette étude. Parmi eux, 89.390 personnes “ont eu un incident de maladie de Parkinson en 2009”. Après avoir ajusté d’autres facteurs de risque connus de la maladie, notamment l'âge, le sexe, ou encore les antécédents de tabagisme et le recours aux soins médicaux, les chercheurs ont pu identifier une association entre l’exposition antérieure d’une personne à des particules fines et son risque ultérieur de développer cette maladie neurodégénérative.

Parkinson : l’exposition aux particules fines augmenterait le risque de 56 %

Avec l’analyse des données, les scientifiques ont trouvé “une association à l’échelle nationale entre les PM 2,5 annuelles moyennes et le risque de maladie de Parkinson, le risque relatif de maladie de Parkinson étant 56 % plus élevé pour les personnes exposées à un niveau modéré de PM 2,5 [des particules dont le diamètre est inférieur à 2,5 micron, ndlr] par rapport à celles ayant le niveau le plus bas de PM 2,5”.

Les chercheurs ont également constaté que la relation entre la pollution de l'air et la maladie de Parkinson varie en intensité selon les régions. “Nous avons identifié une région à risque élevé de maladie de Parkinson dans la vallée du fleuve Mississippi-Ohio, où le risque de maladie de Parkinson était 19 % plus élevé que dans le reste du pays”, peut-on lire dans le rapport. “Les différences régionales dans la maladie de Parkinson pourraient refléter des différences régionales dans la composition des particules. Certaines zones peuvent contenir des particules contenant des composants plus toxiques que d’autres”, avance l’auteure principale.

Une enquête plus approfondie sur les sous-fractions de PM2,5 est aujourd’hui nécessaire pour comprendre le phénomène. Néanmoins, Brittany Krzyzanowski note qu'il existe une densité de réseau routier relativement élevée dans la vallée du fleuve Mississippi-Ohio, qui est également une ancienne région industrielle. “Cela signifie que la pollution dans ces zones peut contenir davantage de particules de combustion provenant du trafic routier et de métaux lourds provenant de l’industrie manufacturière, qui ont été associés à la mort cellulaire dans la partie du cerveau impliquée dans la maladie de Parkinson”, conclut-elle.