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Santé et environnement

Glyphosate : une nouvelle étude évoque des dégâts neurologiques chez l’adulte

Par Alexandra Wargny Drieghe

De nouveaux travaux montrent une association entre l’exposition au glyphosate et la présence dans le sang de marqueurs de lésions neuronales chez l’Homme.

branex/Istock
Pour la première fois, les scientifiques montrent un lien entre l’exposition au glyphosate et la présence d’un marqueur biologique de dégâts neurologiques chez une population qui n’est pas exposée professionnellement à l’herbicide.
Plusieurs autres études montrent un lien établi entre différents pesticides, dont le glyphosate, et certaines pathologies comme les lymphomes non hodgkiniens (LNH) et la maladie de Parkinson.
Si les scientifiques ne sont pas encore en mesure de dire s’il existe une relation biologique directe, ces nouveaux résultats soulignent la nécessité de recherches plus approfondies sur le sujet.

Hasard du calendrier ! Alors que la Commission européenne souhaite prolonger l’autorisation du glyphosate pour dix années supplémentaires, soit jusqu’au 15 décembre 2033, une nouvelle étude pointe les possibles effets néfastes de l’herbicide sur le système nerveux central humain.

Maladies d'Alzheimer, de Parkinson, SEP... le glyphosate à l'origine de certains cas ?

Les résultats de ces travaux ont été publiés dans le Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology le 6 septembre dernier. Pour la première fois, les scientifiques montrent un lien entre l’exposition au glyphosate et la présence d’un marqueur biologique de dégâts neurologiques chez une population qui n’est pas exposée professionnellement à l’herbicide, c’est-à-dire chez monsieur et madame Tout-le-monde.

Pour cela, l’équipe de scientifiques a utilisé les données d’une vaste cohorte épidémiologique américaine, composée de 597 individus. Ils ont analysé les taux de glyphosate retrouvé dans les urines et les niveaux sanguins de neurofilaments à chaîne légère (NfL) qui sont des protéines libérées dans la circulation sanguine “à la suite d’une lésion neuroaxonale” et qui, selon les scientifiques, se sont imposées “comme un biomarqueur fiable pour divers troubles neurologiques”. Parmi ces troubles on retrouve les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, mais également la sclérose en plaques (SEP) ou encore la maladie de Charcot (sclérose latérale amyotrophique).

Après la prise en compte des covariables (âge, sexe, consommation de tabac et/ou d’alcool, IMC, etc), les chercheurs aboutissent à un constat : il y a bien une augmentation des taux de NfL dans le sang en fonction de l’exposition au glyphosate. Une association plus marquée dans certains sous-groupes de la population, notamment les personnes de plus de 40 ans et celles dont l’IMC se situe entre 25 et 30, soit en surpoids.

Glyphosate et dégâts neurologiques : une corrélation mais pas encore de causalité

Les auteurs de l’étude soulignent qu’à l’heure actuelle, ils ne sont pas en mesure de dire s’il existe une relation biologique directe, en termes de causes et de conséquences, entre l’herbicide controversé et les dommages neurologiques observés. “Nos résultats soulignent la nécessité de recherches plus approfondies sur les mécanismes sous-jacents et l’évaluation des risques liés aux effets neurologiques de l’exposition du glyphosate chez l'adulte. Ces résultats pourraient avoir des implications importantes pour les politiques de santé publique et les décisions réglementaires liées à l'utilisation du glyphosate”, concluent-ils.

Que savons-nous des effets des pesticides sur la santé ?

Les pesticides, dont fait partie le glyphosate, sont des produits utilisés dans l'agriculture pour lutter contre certaines espèces végétales jugées indésirables et certains organismes jugés nuisibles aux cultures. Mais, s’ils sont capables de détruire des espèces végétales et animales, quid de l’être humain ? Ainsi, cela fait de nombreuses années qu’ils inquiètent un nombre toujours plus important de scientifiques.

En 2021, l’INSERM publiait une expertise collective indiquant un lien établi entre les pesticides (le chlordécone, le glyphosate et les fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) et quatre pathologies : les lymphomes non hodgkiniens (LNH), le myélome multiple, le cancer de la prostate et la maladie de Parkinson. L’expertise mettait également en avant “une présomption forte de lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et deux autres pathologies : les troubles cognitifs et la bronchopneumopathie chronique obstructive/bronchite chronique”.

La confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doit inciter à une meilleure prise en compte de ces enjeux par les autorités”, affirmaient alors le groupe d’experts.