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De 1963 à 2009

John Kennedy : un dossier médical longtemps caché aux Américains

Par Julian Prial

Tout au long de sa vie, John F. Kennedy a été dépeint comme l'incarnation de la jeunesse et de la vigueur. En réalité, il fut sans doute le président américain à la santé la plus fragile. Maladie d'Addison, ostéoporose...

J.F.K. LIBRARY/SIPA
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Un demi-siècle après, les Etats-Unis commémorent ce vendredi la mort tragique de John F. Kennedy. Le 35ème président des Etats-Unis, assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas, reste une icône, dans son pays et dans le monde. Parmi les faits qui l'ont rendu populaire, sa lutte incessante pour l'égalité des droits civiques entres les Blancs et les Noirs, mais aussi le traité sur l’interdiction des essais nucléaires qu'il réussit à faire signer aux Russes. Une prouesse juste un an après la fumeuse crise des missiles de Cuba de 1962.
Pourtant, de nombreux spécialistes de la politique s'accordent à dire que sa présidence a été beaucoup trop courte pour lui permettre de réaliser d'autres grandes choses. Dans l'imagerie populaire, JFK a davantage marqué les mémoires par son énergie, son charisme et son style proche du peuple. Le couple qu'il formait avec Jaqueline Kennedy reste comme l'un des plus populaires de l'époque.
Pourtant, malgré cette image de santé et de vigueur, JFK mentait aux Américains. Il cachait au grand public les multiples pathologies dont il souffrait. Mais, en 2009, le dossier médical du président a été en partie dévoilé au public dans un article d'annals of internal médicine. Republié hier, pourquoidocteur vous retrace la santé chaotique de JFK.

Des problèmes de dos depuis son plus jeune âge
Dans la vie de JFK, les problèmes de santé commencent très tôt. En 1941, âgé d'à peine 24 ans, il s'engage dans l'armée. C'est le premier coup dur que lui infligera son corps. John est en effet déclaré inapte à cause de son dos fragile. Son père, diplomate influent, intervient et finalement le fiston pourra s'enrôler dans l'US navy.
Mais là encore, ce choix de l'armée s'avèrera préjudiciable au futur président. Pendant la seconde guerre mondiale, son bateau patrouyeur (une vedette lance-torpillesse, PT 109) se fait couper en deux par un destroyer japonais au large des îles Salomon. Lors de cet accident, Kennedy est projeté sur le pont et se blesse au dos. Cette chute aggrave encore ses douleurs au dos qu'il traîne depuis son enfance.
D'après ses médecins, JFK est né avec une colonne vertébrale instable, qui l'obligera toute sa vie à utiliser des béquilles et à porter un corset dorsal de 20 centimètres en cachette. Ses douleurs faisaient de son quotidien un enfer.

La maladie d'Addison, une pathologie cachée toute sa vie 
Quelques années plus tard, à l'âge de 30 ans, les médecins lui diagnostiquent la maladie d'Addison. A l'époque cette affection est souvent fatale, rappellent les médecins dans l'article de synthèse sur le dossier médical du président. Par exemple, en septembre 1947, Kennedy, désormais membre du Congrès du Massachusetts, s'effondre au cours d'une visite en Angleterre. Son médecin, Sir Daniel Davis, qui avait diagnostiqué la maladie faisait un sombre pronostic : « Ce jeune américain n'a même pas un an à vivre. »
La maladie d'Addison est en effet loin d'être anodine. Cette pathologie est une maladie endocrinienne rare caractérisée par le défaut de sécrétion des hormones produites par les glandes surrénales. Cette insuffisance surrénalienne lente détruit progressivement la corticosurrénale. Les principaux symptômes de cette affection sont : la nausée, les vomissements, une perte de poids, la constipation ou la diarrhée, mais aussi une pigmentation excessive de la peau sur les régions exposées et non exposées du corps.
Enfin, cette faiblesse des glandes surrénales peut donner lieu à de de l'ostéoporose. Une maladie qui n'épargnera pas JFK.

Ostéoporose, hypothyroïdie : un cocktail de médicaments pour tenir le coup
L'ostéoporose est une maladie caractérisée par une fragilité excessive du squelette, due à une diminution de la masse osseuse et à l'altération de la micro-architecture osseuse. Résultat pour JFK, ses os se cassent facilement, et son dos est soumis à rude épreuve. En plus des risques de fractures qui le menacent, l'homme politique vit constamment avec des douleurs intolérables. Au début des années 1950, JFK doit ainsi se faire opérer à plusieurs reprises du dos. On lui pose notamment des plaques et des vis pour maintenir sa colonne vertébrale. 
Enfin, en 1952, lorsqu'il est élu sénateur du Massachusetts, un dernière maladie lui est diagnostiquée. Il s'agit d'une hypothyroïdie, une situation d'imprégnation insuffisante de l'organisme en hormones thyroïdiennes, le plus souvent à cause d'un mauvais fonctionnement de la glande thyroïde. A cause de cette pathologie qu'il cacha elle aussi au public, John était bien souvent fatigué, dépressif, et avec des fluctuations de poids.


Et pour tenir le coup dans cette vie de président, les médecins affirment que JFK n'avait d'autres choix que de se bourrer de médicaments. Avec, en premier lieu, la cortisone, qu'il consommait en grande forte quantité pour soulager ses douleurs. Jusqu'à 25 mg par jour, indique son dossier médical. Ce dosage important explique ce visage poupon, presque bouffi, que JKF exposa au public tout au long de sa vie. Mais la liste des médicaments était encore longue : anti-dépresseurs, antidouleurs (méthadine), hormones thyroïdiennes. D'autres rumeurs évoquent aussi la prise d'opium et d'amphétamines pour supporter le quotidien. Ce cocktail explosif lui permettait de déployer une énergie hors du commun qui a fait de Kennedy, l'un des présidents les plus populaires de l'histoire des Etats-Unis.