ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Un édulcorant détériore l’imperméabilité de la paroi intestinale

Additif alimentaire

Un édulcorant détériore l’imperméabilité de la paroi intestinale

Par Mégane Fleury

Le sucralose, un édulcorant, dégrade l’ADN et entraîne une perméabilité intestinale. 

Casimiro/istock
Le sucralose est un édulcorant : il donne un goût sucré aux aliments tout en étant peu calorique.
Selon une nouvelle étude, il serait nocif pour l'ADN.
Il produit un composé qui entraîne une plus grande perméabilité de l'intestin.

Le sucralose est un édulcorant intense selon l’Anses. "Les ‘édulcorants intenses’ sont des substances très diverses, d'origine végétale ou obtenues par synthèse chimique, précise l’agence. Elles ont pour point commun de présenter un pouvoir sucrant très élevé, de plusieurs dizaines à plusieurs milliers de fois supérieur à celui du sucre de table (saccharose)." Mais elles ne contiennent que peu de calories voire pas du tout. Dans le cas du sucralose, souvent commercialisé sous le nom de Splenda®, des recherches ont démontré qu’il pourrait entraîner la production de composés dans l’estomac, dont le sucralose-6-acétate. Dans Journal of Toxicology and Environmental Health, une équipe de recherche de l’université de Caroline du Nord explique que ce produit -indiqué comme E955 sur les produits qui en contiennent- est génotoxique, c’est-à-dire néfaste pour l’ADN. 

Édulcorant : une substance qui produit des fuites intestinales 

Les chercheurs ont mené une série d'expériences in vitro pour exposer des cellules sanguines humaines au sucralose-6-acétate et surveiller les marqueurs de génotoxicité "Nous avons découvert que le sucralose-6-acétate est génotoxique et qu'il rompait efficacement l'ADN dans les cellules exposées au produit chimique", explique Susan Schiffman, autrice principale de l’étude. Ils ont aussi exposé des tissus intestinaux humains à la substance. "Des études ont montré que le sucralose peut nuire à la santé intestinale, nous voulions donc voir ce qui pourrait s'y passer, explique la scientifique. Lorsque nous avons exposé les tissus épithéliaux intestinaux - le tissu qui tapisse votre paroi intestinale - au sucralose et au sucralose-6-acétate, nous avons constaté que les deux produits chimiques provoquent un 'intestin qui fuit". Cela signifie que la paroi de l’intestin devient plus perméable. Le composé endommage les interfaces où les cellules de la paroi intestinale se connectent les unes aux autres. "Un intestin qui fuit est problématique, car cela signifie que des choses qui seraient normalement évacuées du corps dans les matières fécales sont absorbées dans la circulation sanguine."

Sucralose : un produit à éviter 

Les chercheurs ont également examiné l'activité génétique des cellules intestinales pour voir comment elles réagissaient à la présence de sucralose-6-acétate. "Nous avons découvert que les cellules intestinales exposées au sucralose-6-acétate avaient une activité accrue dans les gènes liés au stress oxydatif, à l'inflammation et à la cancérogénicité", ajoute Susan Schiffman. Selon elle, ces conclusions sont préoccupantes. "Il est temps de revoir l'innocuité et le statut réglementaire du sucralose, car il est de plus en plus évident qu'il comporte des risques importants", estime-t-elle. Elle recommande "d’éviter les produits contenant du sucralose". "C'est quelque chose qu'il ne faut pas manger", affirme cette spécialiste. D’après elle, une seule boisson contenant du sucralose dépasse le seuil établit par les autorités sanitaires européennes : 0,15 mg par personne et par jour de substance génotoxique.

En France, l’Anses estime qu’il n’existe pas d’élément probant permettant d’encourager, dans le cadre d’une politique de santé publique, la substitution des sucres par des édulcorants intenses. "Cet objectif de réduction des apports en sucres doit être atteint par la réduction globale du goût sucré de l’alimentation, et ce dès le plus jeune âge, indique l’agence. A ce titre, l’Agence recommande que les boissons édulcorées et les boissons sucrées ne se substituent pas à la consommation d’eau."