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Papillomavirus

Vaccin contre le HPV : “Protéger les garçons c’est aussi protéger les filles”

Par Alexandra Wargny Drieghe

À l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation autour des maladies induites par le papillomavirus humain (HPV), Sabrina le Bars, cofondatrice et présidente de l'association de patients Corasso, nous parle de l’importance d’augmenter la couverture vaccinale chez les plus jeunes pour prévenir les cancers.

Pornpak Khunatorn/Istock
Le vaccin anti-HPV a pour but d’éviter les infections par les souches les plus nocives de papillomavirus afin de limiter, voire d'éviter les risques de cancers (col de l’utérus, sphère ORL, anus, etc).
La France est en retard par rapport à ses voisins européens sur la vaccination contre le HPV, avec seulement 37 % des filles et 9 % des garçons vaccinés.
Selon Sabrina Le Bars, cela s'explique par une mise en place tardive de cette vaccination (2007 pour les filles et 2020 pour les garçons), combinée à un manque de communication sur le sujet.

En France, le taux de vaccination contre le papillomavirus humain est de seulement 37 % chez les filles et 9 % chez les garçons. Pourtant, ce virus est responsable chaque année d’environ 6.000 nouveaux cas de cancer, notamment du col de l’utérus (près de 3.000), de l’anus, du vagin, du pénis, ou encore de la sphère ORL (environ 1.600 chez l’homme).

Papillomavirus : “on a tardé à mettre en place la vaccination”

Pour Sabrina Le Bars, cofondatrice et présidente de l'association de patients Corasso, plusieurs facteurs expliquent le retard de la France par rapport aux autres pays européens, comme chez nos voisins espagnols ou encore au Portugal et au Royaume-Uni, où la couverture dépasse 70 %. “Déjà, on a tardé à mettre en place la vaccination”, nous explique-t-elle. “Il y a également un problème au niveau de l’information des généralistes en pédiatrie. Et enfin, on rencontre beaucoup de difficultés liées à une spécificité française qui est l’appréhension envers la vaccination. C’est d’ailleurs quelque chose qu’on a du mal à expliquer car cela fait plus d’un siècle que la vaccination sauve des millions de vie ! Et pourtant, certaines personnes qui sont intimement convaincues que la vaccination est dangereuse font de la contre-information et sèment le doute et la confusion chez les personnes les moins informées en donnant des arguments contradictoires qui sèment la peur”, déplore Sabrina Le Bars.

HPV : 2 doses de vaccin pour filles et garçons âgés de 11 à 14 ans

Le vaccin contre le HPV est recommandé depuis 2007 par la Haute Autorité de Santé pour les filles, à raison de deux doses pour celles âgées de 11 à 14 ans et de trois doses pour les autres jusqu'à 19 ans. Cette vaccination n’a été élargie aux garçons qu’en 2020, selon le même schéma vaccinal. Une mesure prise trop tardivement selon la présidente de Corasso, qui rappelle que “protéger les garçons c’est aussi protéger les filles”... mais pas uniquement !

Les hommes sont aussi concernés par les maladies liées au papillomavirus comme la papillomatose respiratoire récurrente et plusieurs types de cancers. On parle beaucoup du cancer du col de l'utérus, mais ce virus peut aussi provoquer des cancers de l’anus, de la verge et de la sphère ORL… qui peuvent aussi toucher la gent masculine. Les cancers de la sphère ORL sont particulièrement violents car il n’y a pas de frottis de la bouche pour savoir s’il y a un papillomavirus ou pas. Les lésions provoquées sont très banales et peuvent commencer par des tâches ou encore des difficultés à parler. Les personnes touchées sont souvent jeunes et ni elles, ni les soignants généralistes ne font forcément de lien avec un cancer… Résultat, dans 70 % des cas le diagnostic est tardif, et donc dans 70 % des cas on a des chirurgies très invalidantes car vivre sans langue, c’est vivre sans pouvoir manger ou pouvoir parler.

“Il faut proposer un rattrapage pour ceux qui n’ont pas été vaccinés” à cause du Covid-19

Mardi dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’une campagne de vaccination dès la rentrée 2023 pour les élèves de 5ème avec un “consentement présumé”, lors d’un déplacement dans un collège de Charente-Maritime. “Cela fait partie des choses qu’on préconisait donc nous sommes ravis de cette nouvelle !”, s’exclame Sabrina Le Bras avant d’ajouter que “ce n’est pas suffisant”, notamment à cause des retards de vaccination chez les jeunes pendant la crise sanitaire. “Il y a eu toute une génération qui n’a pas encore bénéficié du vaccin. Il faut donc proposer un rattrapage pour ceux qui n’ont pas été vaccinés.

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