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Recherche médicale

Nouvelle pilule anti-obésité en vue après une découverte sur le système immunitaire ?

Par Rafaël Andraud

Des chercheurs espagnols ont développé une thérapie ciblant les macrophages, des cellules du système immunitaire, qui ouvre la porte à des traitements contre plusieurs maladies, dont l'obésité.

kefkenadasi/iStock
L'obésité est généralement définie par un indice de masse corporelle (IMC) de 30 ou plus. Un IMC entre 25 et 30 est classé en surpoids.
Près d’un Français sur deux (47,3 %) est en situation de surpoids ou d’obésité, selon les chiffres de la Ligue contre l'obésité en 2020.
17 % des adultes sont en situation d'obésité, soit près de 8,6 millions de personnes.

Une nouveau traitement anti-obésité pourrait voir le jour après une découverte majeure des scientifiques. Des chercheurs espagnols ont mis au point une nouvelle thérapie qui cible les macrophages, des cellules immunitaires présentes dans tous les tissus qui ont pour rôle de contribuer à l'entretien et au bon fonctionnement de ces derniers et qui sont capables de réguler le métabolisme d'une personne en fonction de l'organe dans lequel elles résident. Lors d'expériences sur des souris, le composé qu’ils ont testé a empêché les animaux de prendre du poids, malgré une alimentation riche en graisses. Les résultats de leur nouvelle étude sont parus dans la revue Immunity le 3 février 2023.

Une découverte qui ouvre la porte à de nombreux traitements

Ce traitement a également prévenu le diabète de type 2 et la stéatose hépatique chez les souris. L'équipe de chercheurs espagnols affirme que cette découverte ouvre la porte à de meilleurs traitements pour les affections liées à l'obésité et au syndrome métabolique, comme les maladies cardiovasculaires. Elle ouvre également la porte à un traitement contre le diabète et certains cancers liés à l'excès de poids.

Les macrophages jouent un rôle essentiel dans la réponse précoce à une infection microbienne. Ils ont également un lien avec l'inflammation, une réponse physiologique qui aide à réparer les tissus endommagés. Cependant, si la réponse inflammatoire ne fonctionne pas correctement, elle peut entraîner une inflammation chronique qui déclenche de nombreuses affections, notamment l'obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiaques. Le Dr David Sancho, responsable de l'étude, et son équipe ont découvert que les macrophages s'adaptent aux besoins de l'organe où ils résident. Cette découverte "nous permet de mieux comprendre comment les macrophages régulent leur métabolisme en fonction de l'organe dans lequel ils résident", déclare le Dr Sancho dans un communiqué de presse.

Comment les macrophages pourraient permettre de traiter l'obésité ?

Les macrophages sont, en temps normal, distribués dans tout le corps. Ils aident à nettoyer les organes de tous les types de résidus biologiques qui doivent être éliminés, comme des particules nocives telles que les cristaux minéraux ou les virus, ou encore les cellules mortes. Cette étude révèle pour la première fois qu'ils sont hautement malléables.

"Dans les tissus riches en graisses extracellulaires et en cholestérol, comme les poumons et la rate, les macrophages adaptent leur métabolisme pour dégrader ces graisses par la respiration mitochondriale", explique la première autrice de l'étude, la Dr Stefanie Wculek. "En utilisant des méthodes génétiques ou pharmacologiques pour perturber la respiration mitochondriale, les mitochondries peuvent être éliminées des poumons et de la rate, tandis que les macrophages des autres organes, qui ne dépendent pas de la respiration mitochondriale, survivent."

Une transformation des macrophages en cellules inflammatoires

Un autre exemple est fourni par les macrophages situés dans la graisse corporelle ou le tissu adipeux. "Les macrophages résidant dans la graisse corporelle d'une personne de poids normal ne sont pas affectés par les traitements perturbant les mitochondries car leur métabolisme dépend moins de la respiration mitochondriale. En effet, les cellules graisseuses, appelées adipocytes, sont pleinement fonctionnelles, laissant les macrophages dans un état de repos", précise le Dr Sancho.

"Cependant, chez les personnes obèses, l'excès de graisse dépasse la capacité des adipocytes et les macrophages résidents s'activent, se transformant en cellules inflammatoires qui favorisent le développement de la résistance à l'insuline, du diabète de type 2 et de la stéatose hépatique”, ajoute le médecin. Cette modification des macrophages du tissu adipeux les rend également vulnérables. "Les macrophages activés dépendent de la respiration mitochondriale pour traiter l'excès de graisse, ce qui les rend vulnérables aux interventions thérapeutiques, y compris les inhibiteurs pharmacologiques de la respiration mitochondriale."