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Médicaments

Les bêta-bloquants semblent réduire les actes violents

Par Sophie Raffin

Les bêta-bloquants, traitements couramment utilisés contre les troubles cardiovasculaires, semblent réduire les comportements agressifs et la violence des personnes souffrant de troubles psychiatriques.

rogerashford/istock
Les bêta-bloquants sont apparus dans les années 50 avec la découverte du propranolol.
Les bêta-bloquants ont pour but de ralentir la fréquence cardiaque, la pression artérielle ainsi que la consommation en oxygène du cœur. Ils peuvent aussi réduire certains troubles du rythme cardiaque.
Ces médicaments agissent en bloquant les récepteurs bêta. Ils empêchent ainsi l’action des catécholamines, et plus précisément l’adrénaline.

Les bêta-bloquants sont utilisés pour traiter de nombreuses maladies cardiaques comme l’hypertension, l'angine de poitrine, les arythmies, et même certaines migraines ou le glaucome. Selon une étude de l’université d’Oxford et de l'Institut Karolinska (Suède), ils pourraient aussi aider à gérer l'agressivité et l'hostilité chez les personnes souffrant de troubles psychiatriques.

Les bêta-bloquants réduisent l'agressivité

L’équipe a analysé le comportement de 1,4 million d'utilisateurs de bêta-bloquants de plus de 15 ans en Suède entre les périodes où ils étaient sous traitement et celles où ils n’en avaient pas. L’étude s’est étalée sur une période de huit ans, soit de 2006 à 2013.

Les chercheurs relevaient entre autres les hospitalisations pour troubles psychiatriques des patients, les comportements suicidaires et décès par suicide ou encore les accusations de crimes violents.

La prise du médicament était associée à un risque inférieur de 13 % d'être accusé d'un crime violent par la police. De plus, la probabilité d'hospitalisation en raison d'un trouble psychiatrique diminuait de 8 %. Les scientifiques ont aussi remarqué une association accrue de 8 % d'être traité pour un comportement suicidaire.

Néanmoins, les auteurs notent que "ces associations varient en fonction du diagnostic psychiatrique, des problèmes psychiatriques antérieurs, ainsi que de la gravité et du type de maladie cardiaque pour lesquels les bêta-bloquants étaient utilisés ".

Bêta-bloquant et comportement violent : d’autres recherches nécessaires

"Dans une étude du monde réel portant sur 1,4 million de personnes, les bêta-bloquants ont été associés à une réduction des accusations criminelles violentes chez les personnes atteintes de troubles psychiatriques. Réorienter leur utilisation pour gérer l'agressivité et la violence pourrait améliorer les résultats pour les patients", estime le Dr Seena Fazel de l’université d’Oxford et auteur des travaux publiés dans PLOS le 31 janvier 2023.

Toutefois, il reconnaît que d’autres études, y compris des essais contrôlés randomisés, sont nécessaires pour comprendre le rôle des bêta-bloquants dans la gestion des comportements violents.

"Si les résultats sur la violence sont confirmés par des recherches utilisant d'autres modèles, les bêta-bloquants pourraient être envisagés pour gérer l'agressivité et l'hostilité chez les personnes atteintes de troubles psychiatriques", concluent les scientifiques.