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Étude

Les bébés prématurés ont de moins bonnes notes scolaires à l'adolescence

Par Rafaël Andraud

La naissance prématurée avant 34 semaines de grossesse est liée à des scores inférieurs aux tests de mathématiques, de langue et de QI menés à l'adolescence, par rapport aux jeunes nés à 40 semaines, selon une vaste étude danoise.

Ondrooo/iStock
La naissance prématurée, c'est-à-dire l'accouchement avant 8,5 mois de gestation, est la première cause de décès néonatal et peut entraîner divers problèmes de santé tout au long de la vie.
Les deux tiers des naissances prématurées surviennent spontanément, mais malgré des recherches approfondies, il n'existe aucune méthode pour prédire ou prévenir ces dernières.
En France, un enfant naît prématurément toutes les huit minutes, ce qui représente 60.000 naissances par an.

On estime qu'environ 15 millions de nourrissons naissent prématurément (c'est-à-dire avant 37 semaines de gestation) dans le monde chaque année. Or, les dernières semaines de grossesse sont très importantes pour le développement du cerveau du fœtus. Beaucoup de chercheurs pensent donc que les naissances prématurées ont un impact négatif sur les fonctions cérébrales du bébé pour la suite de sa vie.

Une nouvelle étude danoise, publiée le 18 janvier dans le British Medical Journal (BMJ), corrobore cette hypothèse en démontrant que la naissance prématurée avant 34 semaines de grossesse est associée à des scores inférieurs aux tests de mathématiques, de langue et de QI à l'adolescence comparés aux jeunes nés à 40 semaines.

Naissances prématurées : les contours de cette vaste étude 

L'étude, cependant, n'a trouvé aucune différence substantielle dans la fonction cérébrale (cognitive) ultérieure chez les bébés nés entre 34 et 39 semaines et ceux nés à 40 semaines. Et les chercheurs reconnaissent que les résultats cognitifs ne sont pas prédéterminés à la naissance mais sont fortement influencés par les circonstances sociales.

Pour déterminer plus précisément l'impact de l'âge gestationnel - durée de la grossesse en semaines - à la naissance sur la fonction cognitive à long terme, les chercheurs ont analysé les données de tous les frères et sœurs nés au Danemark du 1er janvier 1986 au 31 décembre 2003. Au total, 1,2 million d'enfants sont nés au cours de cette période, dont plus de 792.000 avec au moins un frère ou une sœur, ce qui a permis aux chercheurs de prendre en compte des facteurs héréditaires tels que l'intelligence de la mère.

À l'aide des informations du registre national, les chercheurs ont analysé l'âge gestationnel à la naissance, ainsi que leurs résultats aux examens de langue danoise écrite et de mathématiques à l'âge de 15-16 ans, et parallèlement, ils ont évalué les résultats des tests d'intelligence passés par 227.403 garçons âgés d'environ 18 ans, lors de la conscription militaire obligatoire au Danemark. Les chercheurs ont calculé dans quelle mesure un résultat d'examen était supérieur ou inférieur à la note moyenne pour les 44.322 (5,6 % des plus de 792.000 enfants des données de départ) qui sont nés avant 37 semaines de gestation.

Une réduction du QI de 1 à 4,2 points pour les bébés les plus prématurés

Parmi ceux-ci, seuls ceux nés avant 34 semaines avaient des scores en mathématiques nettement inférieurs à la moyenne que ceux nés à 40 semaines, et les notes diminuaient progressivement avec l'augmentation de la prématurité. Pour le langage écrit, seuls les enfants nés à 27 semaines ou moins affichaient une note significativement inférieure à la moyenne.

L'analyse des résultats des tests de renseignement sur la conscription militaire, mesurés en points de QI, a également montré des résultats nettement inférieurs pour les personnes nées avant 34 semaines. Pour ces dernières, on trouvait une réduction de moins de 1 point de QI, par rapport à ceux nés à 40 semaines. Puis on constatait une réduction de 2,4 points de QI pour ceux nés entre 32 et 33 semaines, de 3,8 points pour les naissances entre 28 et 31 semaines et enfin une réduction de 4,2 points pour ceux nés à 27 semaines ou avant.

Bien que les raisons sous-jacentes de ces découvertes ne soient toujours pas claires, les chercheurs suggèrent dans un communiqué que puisqu'une faible capacité cognitive est liée à une diminution de la qualité de vie et à une mort précoce, leurs découvertes "soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur la manière dont ces effets indésirables peuvent être évités". "Les résultats cognitifs ne sont cependant pas prédéterminés à la naissance, mais sont fortement influencés par les circonstances sociales et l'éducation, et c'est pourquoi une intervention précoce est justifiée pour les enfants nés prématurément", ajoutent-ils.