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Psychologie

La vitesse de notre regard peut en dire long sur nos préférences

Par Geneviève Andrianaly

Lorsque l’on nous propose deux options, la vitesse à laquelle nos yeux passent de l’une à l'autre révèle notre véritable préférence et prédit la décision finale que nous prendrons.

by-studio/iStock
Les participants qui ont mis moins de temps à se décider avaient tendance à présenter des mouvements oculaires plus rapides. Selon l’équipe, ce sont peut-être les personnes les plus impulsives.
Une fois que les adultes ont pris leur décision finale, leurs mouvements oculaires rapides se sont arrêtés.

Quand nous devons faire un choix entre deux objets, nous focalisons notre regard sur chaque option, nous le bougeons rapidement et nous le fixons à nouveau. En clair, nos yeux effectuent des mouvements rapides, appelés des "saccades", qui nous permettent d’explorer une image, de rechercher un objet, de capter un élément saillant ou de lire.

Nos yeux, une fenêtre sur notre esprit ?

"La vitesse de ces saccades reflète-t-elle notre degré de préférence ?". C’est la question que se sont posés des scientifiques de l’université du Colorado (États-Unis). Pour y répondre, ils ont réalisé des travaux parus dans la revue Current Biology. Dans le cadre de l’étude, l’équipe a recruté 22 personnes. Pendant que les participants marchaient sur un tapis roulant, ils ont dû choisir entre deux options : une courte marche sur une pente raide ou une marche plus longue sans inclinaison."Pendant qu'ils délibéraient, ils effectuaient des saccades et prenaient quelques secondes pour considérer les représentations symboliques de leurs options", peut-on lire dans les recherches. Les auteurs ont suivi leurs mouvements oculaires à l’aide d’une caméra.

Des saccades plus rapides quand le cerveau établit une préférence

"Au départ, les saccades vers l'une ou l'autre des options présentaient une vitesse similaire. Puis, à mesure que le temps passait, cette vitesse augmentait, et elle augmentait encore plus rapidement pour l'option qu'ils ont finalement choisie", a indiqué Alaa Ahmed, auteur principal de l'étude, dans un communiqué. Dans le détail, la vitesse du mouvement des yeux des volontaires avait tendance à augmenter lorsqu'ils étaient projetés dans la direction de l'option la plus facile.

"Nous avons découvert une mesure accessible qui vous indique, en quelques secondes, non seulement ce que vous préférez, mais aussi à quel point vous le préférez", a déclaré Alaa Ahmed. "Contrairement à vos bras ou vos jambes, la vitesse des mouvements oculaires est presque totalement involontaire. C'est une mesure beaucoup plus directe de ces processus inconscients qui se produisent dans votre cerveau", a poursuivi Colin Korbisch, co-auteur des travaux.

Le choix lève la suppression d’une région du cerveau qui contrôle les mouvements oculaires

D’après l’équipe, les neurones du champ oculaire frontal et du cortex pariétal, qui reçoit les informations sensorielles dans le cerveau, augmentent leur activité lorsque les personnes doivent prendre des décisions. Lorsqu'une préférence a été établie dans notre cerveau, elle semble lever la suppression d'une région qui contrôle les mouvements oculaires, appelée "colliculus supérieur". Les scientifiques supposent que cela permet d'augmenter la vitesse du mouvement des yeux. "La lecture en temps réel de ce processus de décision nécessite généralement des électrodes invasives placées dans le cerveau. Le fait de disposer de cette variable plus facilement mesurable ouvre de nombreuses possibilités", a conclu Colin Korbisch.