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Allergie alimentaire

Pourquoi les cacahuètes provoquent-elles des allergies ?

Par Stanislas Deve

Les arachides ou cacahuètes font partie des aliments qui provoquent le plus d’allergies chez les enfants et adultes. Pourquoi ont-elles une telle réputation ? D’où vient la sensibilité à ces allergènes ? Une chercheuse nous en dit plus.

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En Europe et en Amérique du Nord, plus de 6 millions de personnes sont concernées par les allergies alimentaires (produits laitiers, crustacés, blé...), soit 8 % des enfants et 2 à 3 % des adultes. La cacahuète fait partie des 5 aliments responsables de 75 % des allergies chez l’enfant avec les œufs, le lait de vache, le poisson et les noix.
L’arachide, dont la graine est la cacahuète, appartient à la famille des légumineuses, comme le soja, les lentilles, les pois chiches ou les haricots rouges. Contrairement aux idées reçues, ce n’est donc pas un fruit à coque à proprement parler comme les noix, l’amande ou la chataîgne.

Certains les consomment frénétiquement en buvant un verre en terrasse, quand d’autres ne peuvent même pas s’en approcher. L’allergie aux arachides, plus connues sous le nom de cacahuètes, touche entre 0,5 % et 0,7 % de la population française. Une infime quantité ingérée peut suffire à provoquer une forte réaction du système immunitaire, qui se dérègle et s’emballe. Même un simple contact peut s’avérer fatal. L’allergie aux cacahuètes serait ainsi responsable de plus de la moitié des décès dus à une allergie alimentaire.

Sur la liste des aliments allergènes courants, les produits laitiers, les crustacés, le blé et surtout les arachides figurent en bonne place. Et la prévalence de la population ne cesse d’augmenter dans les pays développés. Mais pourquoi certains ingrédients provoquent-ils des allergies, et pourquoi certaines personnes sont-elles plus sensibles que d’autres ? Araceli Díaz-Perales Díaz-Perales, professeure de biochimie et de biologie moléculaire à l'université polytechnique de Madrid, livre quelques éléments de réponse.

Les allergies alimentaires sont spécifiques à la géographie

"Vous souffrez d’allergies aux aliments que vous mangez le plus fréquemment", explique-t-elle dans un article publié par le Service communautaire d’information sur la recherche et le développement (CORDIS) de la Commission européenne. C'est pourquoi, selon la chercheuse, les allergies alimentaires ont tendance à être corrélées à la zone géographique. Par exemple, les pays qui consomment plus de noix ont tendance à avoir des niveaux plus élevés d'allergies aux noix.

La façon dont les arachides sont consommées fait également une différence. Le Royaume-Uni a des taux d'allergies aux cacahuètes plus élevés que l'Espagne, bien que les deux pays en consomment des quantités plus ou moins équivalentes. D’après Araceli Díaz-Perales, cela pourrait être dû au fait que la population britannique mange plus d’arachides sous une forme transformée et donc riche en matières grasses (beurre, huiles, confiseries, snacks...).

D’où vient la sensibilité à l’allergène ?

Autre enseignement : la sensibilité à certains allergènes ne commence pas nécessairement dans l'intestin, mais pourrait se développer par les voies respiratoires, voire la peau (par les cosmétiques à base d’huiles végétales notamment). Il peut ainsi arriver que des gens ainsi ‘sensibilisés’ à l’allergène finissent par développer des symptômes allergiques par la nourriture, selon Díaz-Perales. "La santé de votre peau est si importante dans la prévention des allergies alimentaires", ajoute-t-elle, excluant l’usage des produits de nettoyage agressifs qui endommagent le microbiome et la couche protectrice superficielle de notre peau, ce qui "permet aux allergènes d'entrer et conduit à une sensibilisation à certains aliments".

Le stress pourrait enfin jouer un rôle sur la sensibilité aux allergènes, conclut l’article. "Le système hormonal, le système immunitaire et le développement neuronal sont étroitement liés ; tout changement dans l'un se répercute sur les autres." Il est donc possible que nos vies de plus en plus mouvementées et stressantes nous rendent plus vulnérables. Les traitements, heureusement, progressent d'année en année.