ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Gaz d’échappement : des conséquences plus néfastes chez les femmes que chez les hommes

Pollution de l'air

Gaz d’échappement : des conséquences plus néfastes chez les femmes que chez les hommes

Par Joséphine Argence

Une étude canadienne a récemment comparé les répercussions de l’inhalation des gaz d’échappement des moteurs diesel chez les femmes et les hommes. Et, face à la pollution de l'air, les premières semblent payer un plus lourd tribut.

Yocamon/IStock
La pollution de l’air se caractérise par un ensemble de gaz et de particules en suspension dans l’air. Leurs niveaux de concentration dépendent des émissions et des conditions météorologiques.
Cette pollution atmosphérique peut engendrer des pathologies cardiaques, des crises d'asthme ou encore des cancers du poumon.

Troubles cardiovasculaires, allergies, crises d’asthme, cancers du poumon ou de la peau… La pollution atmosphérique peut avoir de graves conséquences sur la santé. La combustion des carburants émis par les voitures peut notamment faire de gros dégâts. Une équipe de chercheurs canadiens a ainsi observé que les conséquences de l’inhalation de gaz d’échappement provenant des moteurs diesel sont plus importantes chez les femmes que chez les hommes. Leurs conclusions ont été présentées lors du dernier Congrès international de l’European Respiratory Society à Barcelone (Espagne). 

Des volontaires en bonne santé et non-fumeurs 

Les recherches ont été menées par l’équipe du Professeur Neeloffer Mookherjee de l'Université du Manitoba et du Professeur Chris Carlsten de l'Université de la Colombie-Britannique (Canada). Les deux équipes ont recruté cinq femmes et cinq hommes en bonne santé et non-fumeurs. Dans le cadre de l’étude, les volontaires ont respiré de l’air renfermant des gaz d’échappement diesel à trois concentrations différentes : 20, 50 et 150 microgrammes de particules fines (PM2,5) par mètre cube. Une pause de quatre semaines a été réalisée entre chaque exposition. 

Lors de leur présentation, les scientifiques ont précisé que la valeur limite annuelle des PM2,5 au sein de l’Union Européenne est de 25 microgrammes par mètre cube. Ils ont cependant souligné que des pics plus élevés sont très fréquents dans de nombreuses villes. 

À chaque inhalation, les chercheurs ont prélevé un échantillon sanguin chez tous les participants. Ils ont ensuite étudié leur plasma grâce à une chromatographie liquide-spectrométrie de masse, une technologie d’analyse. L’objectif a été d’identifier des changements dans les niveaux des différentes protéines après une exposition aux gaz d'échappement diesel chez les femmes et les hommes. 

Les femmes plus à risque de développer une maladie respiratoire 

Résultats : les niveaux de 90 protéines ont été différents entre les participantes féminines et les volontaires masculins. Les scientifiques ont notamment décelé des changements dans des composants sanguins associés aux maladies cardiovasculaires et à l’inflammation. La pollution atmosphérique pourrait donc avoir un impact sur notre réponse immunitaire face aux pathologies chroniques.

"Il s'agit de résultats préliminaires, mais ils montrent que l'exposition aux gaz d'échappement des moteurs diesel a des effets différents sur les corps des femmes et des hommes, ce qui pourrait indiquer que la pollution atmosphérique est plus dangereuse pour les femmes que pour les hommes", a souligné le Professeur Neeloffer Mookherjee. Et lui d'ajouter : "C'est important, car les maladies respiratoires telles que l'asthme sont connues pour affecter différemment les femmes et les hommes. Ces dernières étant plus susceptibles de souffrir d'asthme sévère qui ne répond pas aux traitements. Par conséquent, nous devons en savoir beaucoup plus sur la façon dont les femmes et les hommes réagissent à la pollution atmosphérique et sur ce que cela signifie pour la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies respiratoires."

À l’avenir, les chercheurs souhaitent élargir l’étude des fonctions des protéines sériques afin de mieux comprendre leur rôle au niveau  différences entre les réponses immunitaires féminines et masculines.