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Etude

Santé mentale : les jeunes salariés de plus en plus fragilisés

Par Stanislas Deve

Après deux ans de Covid, la santé mentale des salariés de moins de 30 ans est particulièrement inquiétante, selon une étude.

shironosov / iStock
En 2019, quelque 970 millions d’êtres humains, avec une courte majorité de femmes (52,4 %), souffraient d’un trouble psychique, selon l'OMS. Une proportion qui représente 13 % de la population du globe, soit près d’une personne sur huit.
Près de la moitié des jeunes (44 %) qui jugent négativement leur santé mentale l’imputent au seul contexte professionnel (contre 35 % des salariés).

Anxiété, épuisement, médication... Ces deux dernières années, marquées par la crise sanitaire, la guerre en Ukraine et une inflation record, semblent avoir déteint négativement sur le bien-être des jeunes travailleurs.

Selon une étude du groupe de protection sociale Malakoff Humanis, publiée mercredi 6 juillet, les salariés de moins de 30 ans ont en effet une santé psychique plus fragile que l’ensemble des travailleurs.

Le travail en cause

Parmi eux, 23 % jugent ainsi négativement leur santé mentale (contre 16 % pour l’ensemble du corps salarial) et 42 % se déclarent stressés (contre 28 %). Près de la moitié d’entre eux (48 %) déclarent mal dormir (contre 32 %), et un gros tiers (34 %) se dit émotionnellement épuisés (contre 22 %), voire carrément à bout de force (29 % contre 19 % du total des salariés).

Et c’est souvent le travail lui-même qui serait responsable de cet état d’épuisement psychique : 44 % des jeunes qui ont une mauvaise estime de leur santé mentale l’imputent au seul contexte professionnel (contre 35 % des salariés). En cause, selon eux : l’intensité et le temps de travail (67 %) et la dégradation des rapports sociaux au travail (47 %). A tel point que les moins de 30 ans se mettent davantage en arrêt maladie que les autres : par exemple, 36 % en mars 2022 (contre 18 % sur l’ensemble des salariés), alors qu’ils n’étaient que 21 % en mars 2021.

Peu enclins à consulter

Sans surprise, la pandémie et ses mesures de restriction a également eu un impact négatif sur le psychisme des jeunes travailleurs, comme l’annonçait récemment l’OMS dans son rapport sur la santé mentale à travers le monde. Cette année, 56 % des Français moins de 30 ans se déclarent fatigués ou épuisés (contre 49 % en 2019), et 22 % disent consommer des somnifères, des anxiolytiques ou des antidépresseurs (11 % en 2019). Même sur le plan de la santé physique, les jeunes actifs semble moins en forme que leurs aînés, alors que 18 % d’entre eux la jugent mauvaise contre « seulement » 14 % de l’ensemble des salariés.

Problème : les jeunes sont aussi moins enclins à consulter un médecin. Au premier trimestre 2022, le renoncement ou le report de soins concernait près d’un quart des salariés au total, mais pointait à 37 % chez les moins de 30 ans. Les raisons ? En premier lieu le manque de temps, les difficultés à obtenir un rendez-vous et le portefeuille à sec. Pour rappel, selon un sondage BVA de 2019, plus de six Français sur dix (63%) ont déjà dû renoncer à se faire soigner, à cause notamment de délais d'attente trop longs ou d'un reste à charge trop important.