ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Un virus génétiquement modifié permet d'augmenter l'espérance de vie

Tumeur cérébrale

Un virus génétiquement modifié permet d'augmenter l'espérance de vie

Par Margot Montpezat

Un virus génétiquement modifié permet d'augmenter l'espérance de vie des enfants atteints de tumeurs cérébrales.

ThitareeSarmkasat/iStock
Pour la première fois, un virus modifié a été utilisé pour traiter le gliome infiltrant du tronc cérébral ( GITC).
C’est une tumeur rare: en France, près de 50 enfants sont concernés chaque année, autant de filles que de garçons, mais elle est particulièrement agressive et meurtrière puisque la moitié des malades ne survit pas plus d'un an.
Chaque année en Europe, plus de 35 000 nouveaux cas de cancers pédiatriques sont diagnostiqués et 6 000 enfants en meurent.

C’est un nouvel espoir dans la lutte contre le cancer chez l’enfant et en particulier dans le traitement de la tumeur cérébrale infantile appelée le “gliome infiltrant du tronc cérébral” (GITC)

Dans un article publié le 30 juin dans la revue The New England Journal Of Medicine, des chercheurs expliquent que la virothérapie, associé à une radiothérapie chez les enfants atteints d'un GITC, a entraîné des modifications de l'activité des lymphocytes, des globules blancs dont le rôle est la défense immunitaire de l'organisme face aux agressions infectieuses, et une réduction ou une stabilisation de la taille de la tumeur chez des jeunes patients.

La virothérapie est une stratégie thérapeutique qui peut éliminer des cellules ou tissus d'un organisme ou reprogrammer certaines cellules dysfonctionnantes. Et non seulement les cellules sont tuées par le virus, mais les déchets cellulaires qui en résultent stimulent le système immunitaire contre la tumeur.

Oncovirus

La virothérapie a consisté dans ce cas précis à modifier des oncovirus, des virus ayant la capacité de rendre cancéreuse la cellule qu’ils infectent, de la famille des adénovirus, spécifiques aux voies respiratoires.

C’est ceux-là mêmes qui rendent cancéreuses les tumeurs dans le cadre d'un cancer du gliome infiltrant du tronc cérébral.

Augmenter la survie

Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont mené un essai clinique auprès de 12 patients âgés de 3 à 18 ans, et le virus modifié s'est révélé sans danger pour les enfants, sans effet secondaire grave et bien toléré par les patients.

Appliqué avec la radiothérapie, le virus a réussi à augmenter la survie moyenne des participants, passant de 12 mois à 17,8 mois.

Deux des enfants participants à cette étude sont toujours en vie, trois ans après la détection de la tumeur.

"Cela peut sembler peu de progrès, peu de temps gagné sur la maladie mais c'est un pas en avant décisif", déclare Jaime Gállego, neurologue à la clinique universitaire de Navarre, coordinateur du domaine des tumeurs cérébrales et co-auteur de cette étude.

En effet, le taux de survie n'augmente pas depuis plus de 15 ans face à ce type de cancer qui est le plus meurtrier chez l'enfant.

D’où la nécessité de développer davantage la recherche pour améliorer les traitements et augmenter surtout l'espérance de vie des enfants touchés.

Tumeur cérébrale

Le gliome infiltrant du tronc cérébral (GITC) est une tumeur cérébrale située sous le cerveau, au-dessus du bulbe rachidien.

Il s'agit d'une zone profonde et fragile liée à des fonctions vitales telles que l'équilibre, la respiration, le contrôle de la vessie, la fréquence cardiaque et la tension artérielle. Cette région est également traversée par les nerfs liés à la vision, l'audition, la parole, la déglutition et le mouvement.

Les signes cliniques de ces tumeurs sont une atteinte de l’équilibre, une atteinte de certains nerfs crâniens et des difficultés motrices et surviennent le plus souvent chez des enfants de 5 à 7 ans, même si cette maladie touche aussi les jeunes adolescents.

En général, ils évoluent rapidement sur quelques semaines avant le diagnostic (moins de deux mois habituellement).

Divers symptômes

La maladie est caractérisée par divers symptômes: un strabisme, des pertes d’équilibre et des chutes, une importante fatigue, des troubles de la marche, une difficulté à fermer une des paupières, une vision double, des difficultés à avaler et à mâcher, une faiblesse des bras et des jambes, une difficulté à uriner.

Fréquemment, ces troubles peuvent être précédés d’une modification du comportement (labilité émotionnelle, agressivité, troubles du sommeil).