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Marqueur sanguin

Mort subite du nourrisson : une enzyme en cause ?

Par Geneviève Andrianaly

Les bébés de moins d’un an, dont la mort se présente durant le sommeil et est soudaine et inattendue, auraient des faibles taux de butyrylcholinestérase, une enzyme essentielle au réveil.

Prostock-Studio/iStock
La mort subite du nourrisson peut toucher un bébé de 0 à 24 mois, mais dans 8 cas sur 10, elle survient avant l’âge de 6 mois.
Le diagnostic de ce syndrome ne peut être fait sans une autopsie adéquate pour exclure d'autres causes de décès inattendus, telles qu’une hémorragie intracrânienne, une méningite ou une myocardite.

"C'est le décès incompréhensible à première vue et imprévisible, le plus souvent pendant le sommeil, d’un tout-petit qui semblait jusqu’ici en bonne santé apparente". Il s’agit de la définition de la mort subite du nourrisson que le CHU de Lyon a donné. Jusqu’à présent, les causes de ce syndrome sont inconnues. Mais récemment, des chercheurs australiens ont révélé avoir identifié un marqueur sanguin qui pourrait être à l'origine des décès inexpliqués. Le biomarqueur en question serait la butyrylcholinestérase (BChE), "une enzyme du système cholinergique, une branche majeure du système autonome", qui contrôle des fonctions comme la pression sanguine et la respiration.

Afin de parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont réalisé une étude dont les résultats ont été publiés dans la revue eBioMedicine le 6 mai. Ils ont émis l'hypothèse que la mort subite du nourrisson était associée à des problèmes dans la partie du cerveau du nourrisson qui contrôle la respiration et l'éveil. Pour les besoins de leurs travaux, les auteurs ont mesuré les niveaux de butyrylcholinestérase dans les échantillons de sang de 67 nouveau-nés décédés dus à la mort subite du nourrisson et d'autres causes inconnues entre 2016 et 2020. L’équipe a comparé ces taux avec ceux du sang de 655 bébés d'un groupe témoin.

Des taux moins élevés d’enzymes pourraient provoquer les décès

D’après les résultats, les enfants décédés à cause du syndrome de mort subite du nourrisson présentaient des niveaux de butyrylcholinestérase significativement plus faibles que les bébés vivants ou ceux morts d'autres causes. "Nous concluons qu'un déficit cholinergique non-identifié auparavant, identifiable par une butyrylcholinestérase anormale, est présent à la naissance chez les bébés victimes du syndrome et représente une vulnérabilité mesurable et spécifique avant leur décès", ont indiqué les chercheurs australiens.

Après la publication de cette étude, plusieurs experts ont salué les résultats mais ont également appelé à la prudence. C’est le cas d’Alison Jacobson, présidente de First Candle, une fondation qui lutte contre la mort subite du nourrisson et soutient les familles dont les bébés sont décédés à cause du syndrome, dont les propos ont été rapportés par le CNN. "C'est un progrès, et pour cela nous devrions être optimistes, mais ce n'est pas la réponse complète. Notre préoccupation concernant le développement d'un test de vulnérabilité au syndrome est que les parents aient un faux sentiment de sécurité et adoptent des pratiques de sommeil dangereuses", a-t-elle déclaré.