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Etude sur 11 millions d’Américains

Infections urinaires : plus graves chez l'homme

Par Audrey Vaugrente

Les hommes sont moins touchés que les femmes par les infections urinaires. Mais, elles sont souvent plus graves, au point de nécessiter une hospitalisation, révèle une étude américaine.

West Coast Surfer / Moo/REX/SIPA
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L’infection urinaire est une des infections bactériennes les plus répandues aux Etats-Unis. Les coûts liés à son traitement, surtout en hôpital, sont chaque année plus élevés. Une étude menée à l’hôpital Henry-Ford de Detroit (Michigan, Etats-Unis), a analysé les données nationales concernant cette maladie. Ell est parue ce mardi 8 octobre dans World Journal of Urology. L’objectif était de déterminer un profil de patients dont l’infection nécessite une hospitalisation.

 

Les hommes plus souvent hospitalisés

L’infection urinaire touche principalement les femmes et elle est généralement bénigne. A l'âge de 32 ans, presque la moitié des femmes a déjà eu une infection urinaire. La maladie concerne rarement l’homme, mais elle mène souvent à une hospitalisation. « Nous avons découvert que les patients qui sont hospitalisés pour traiter une infection urinaire sont le plus souvent des hommes, »  précise Jesse Sammon, auteur principal de l’étude. Ces conclusions reflètent ce que les médecins observent en France.

 

Ecoutez le Pr François Desgrandchamps, urologue à l’hôpital Saint-Louis (Paris) : « Les infections graves, qui nécessitent d'être hospitalisées, arrivent chez des hommes et des patients plutôt âgés. »

 

Des infections très différentes selon le sexe

Les chiffres confirment cette inégalité entre les sexes : en 2007, 16% des Américains touchés par une infection urinaire étaient des hommes. Presque tous ont été hospitalisés. Les femmes (84%) s’en sont souvent tirées avec un simple traitement médicamenteux. Donc, les femmes sont plus souvent atteintes, mais l’infection se limite à une cystite. « Une infection urinaire, chez l’homme, c’est toujours sérieux et ce n’est jamais anodin, » explique le Pr Desgrandchamps. Elle est souvent due au grossissement de la prostate ou encore, plus rarement, à un calcul rénal. 


Ecoutez le Pr François Desgrandchamps, urologue : « Chez l’homme, c’est une infection de la prostate. Elle donne de la fièvre et elle est grave. »

 

 

La gravité des infections urinaires chez les hommes a par ailleurs un impact économique. En effet, cette étude qui s’est penchée sur presque 11 millions de patients touchés par une cystite ou une pyélonéphrite (infection du rein), montre que le coût direct des patients masculins pour l’assurance maladie n’est pas négligeable. « Les infections urinaires sont particulièrement communes chez les femmes, » indique le rapport. Mais l’hospitalisation plus fréquente des hommes représente une somme quasi-équivalente à celle des femmes pour un nombre plus réduit.

 

Un pic de risque d’infection après 60 ans

Les populations à risque sont très variables. L’étude souligne que le taux de diabète est en hausse depuis une dizaine d’années. La résistance aux antibiotiques est aussi plus répandue. Les infections urinaires sérieuses sont en conséquence plus courantes et les hospitalisations sont de plus en plus nécessaires. Les médecins se trouvant dans une impasse, faute d'antibiotique efficace. Entre 1997 et 2007, l’admission en hôpital est passée de 100 000 à 1,8 million. Le rapport distingue aussi des périodes à risques pour les deux sexes : le début de l’activité sexuelle et l’âge avancé chez les femmes, ainsi que l’âge avancé chez les hommes. Ces données fournissent de bons indicateurs quant aux populations à viser.

 

Ecoutez le Pr François Desgrandchamps : « Quand on regarde les âges des patients, il y a deux grands pics pour les infections urinaires. »

 

L’équipe de l’hôpital Henry-Ford propose une solution pour éviter l’hospitalisation systématique : traiter de manière plus agressive les infections avant l’arrivée à l’hôpital. L’infection urinaire est évitable chez la femme, grâce à des mesures de prévention, tels que des gestes précis de toilette intime. Mais chez l’homme, du fait de la rareté des infections urinaires, il n’existe aucune mesure de prévention. Difficile dans ces conditions de mettre en place des solutions efficaces.