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Cancer Broncho-Pulmonaire

France : préoccupante explosion des cancers du poumon chez les femmes

Par Mathilde Debry

Lors d'une conférence de presse, le Dr Didier Debieuvre a même évoqué une "épidémie de cancers bronchiques féminins" lors de la présentation des nouveaux résultats de l’étude KBP-2020.

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L’étude KBP-2020 est le 3ème épisode d’une recherche lancée en 2000.
20 ans après KBP-2000 et dix ans après KBP-2010, cette nouvelle étude épidémiologique en vie réelle porte sur le cancer bronchique primitif (CBP) pris en charge dans les centres hospitaliers généraux.

Les nouveaux résultats du troisième volet de l’étude KBP-2020 confirment une tendance relevée depuis maintenant plusieurs années : le cancer du poumon (aussi appelé cancer bronchopulmonaire ou cancer bronchique) touche de plus en plus de femmes, notamment à cause de l’augmentation du tabagisme au sein de cette population.

"Si l’on avait déjà vu entre 2000 et 2010 une forte augmentation de ce cancer chez les femmes, ce
constat se confirme, et malheureusement au-delà de nos prévisions", explique le Dr Didier Debieuvre, investigateur principal de l’étude KBP et chef du service de pneumologie de l’hôpital E. Muller de Mulhouse. Ainsi, si les femmes représentaient 16% des cas en 2000 et 24% en 2010, elles constituent aujourd'hui 34,6% des malades. Une tendance encore plus marquée chez les moins de 50 ans, où 40% des nouveaux cas de cancers bronchiques sont désormais féminins.

Diminution des cancers bronchiques chez les moins de 50 ans

On constate par ailleurs une diminution des cancers bronchiques chez les sujets jeunes (- de 50 ans). "Cette évolution pourrait s’expliquer par une hypothèse porteuse d’espoir : est-ce que les campagnes de lutte contre le tabac ne seraient pas en train de commencer à faire leurs preuves ? Pour le savoir, il faudra attendre KBP 2040", analyse le Dr Debieuvre.

Si le tabac reste le facteur majeur, la cohorte met également en évidence une augmentation d’autres causes de cancer du poumon. Ainsi, les non-fumeurs sont en 2020 plus nombreux qu’en 2000, passant de 7,2% des cas à 12,6%. Les consommateurs de cannabis, pris en compte pour la première fois dans cette recherche, représentent également 3,6% des malades.

Des diagnostics toujours trop tardifs

Enfin, dernier constat : les diagnostics se font encore à des stades trop avancés de la maladie. Aucune différence n’a été relevée concernant les stades auxquels ont été dépistés les cancers bronchiques entre 2000, 2010 et 2020.

Cela soulève une nouvelle fois la question de l’intérêt du dépistage organisé systématique chez certaines populations, qui n’est, malgré les recommandations des sociétés savantes, toujours pas à l’ordre du jour en France. "Cela permettrait pourtant de diagnostiquer à des stades plus précoces et d’optimiser les chances de guérison", conclut le Dr Debieuvre.