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Bactériophages

Pourquoi les virus de l’hiver sont aussi nos amis

Par Mathilde Debry

Si vous avez attrapé un rhume suite au rafraîchissement des températures, sachez que cela vous rend indirectement service. Explications.

seb_ra / istock.
La phagothérapie utilise des bactériophages sur les patients infectés par des bactéries résistantes à tous les antibiotiques.
Les bactériophages attaquent et détruisent ces bactéries, sans possibilité de transmettre des gènes de résistance à d'autres bactéries.

Rhume, gastro, grippe... Les virus de l’hiver sont très pénibles, mais ce ne sont pas que nos ennemis. Selon une nouvelle étude  menée par l’INRAE et parue le 25 octobre dans la revue ISME Communications, ils peuvent même être "des alliés précieux contre l’élimination des bactéries quand nos médicaments ne fonctionnent plus". Plus important encore :  ils ne sont pas sources de nouvelles résistances aux antibiotiques chez les bactéries.

Transferts horizontaux de gènes

C’est un fait, de plus en plus de bactéries résistent aux antibiotiques, notamment à cause de leur usage massif et inapproprié en santé humaine ou animale. Mais ce n’est pas la seule raison. Un groupe de mécanismes présents chez les bactéries est également en jeu : les "transferts horizontaux de gènes". Les bactéries sont en effet capables d’échanger des morceaux d’ADN entre elles. "Si certains morceaux d’ADN échangés n’apportent rien de particulier, d’autres pourraient apporter du matériel conférant une résistance aux antibiotiques", explique l’INRAE.

Forts de ces connaissances, des chercheurs de l'institut ont ainsi mené des travaux de métagénomique (analyse de l’intégralité des gènes) sur des bactériophages provenant de 14 fermes porcines. Grace à des analyses informatiques approfondies, ils ont pu disséquer finement l’ADN de tous ces bactériophages et leur conclusion est nette : ils ne possèdent pas un seul gène de résistance aux antibiotiques. Ils ne peuvent donc pas être fournisseurs de gènes de résistance pour les bactéries, comme beaucoup de scientifiques le craignaient.

Phagothérapie

"Ces travaux permettent d’éclairer la question de l’antibiorésistance, au cœur d’enjeux de santé publique. Les bactériophages conservent leur statut d’alliés dans la lutte contre les bactéries résistantes aux antibiotiques via la phagothérapie", conclut l’INRAE.