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Neurologie

Alzheimer, Parkinson, AVC : on pourrait régénérer les neurones perdus !

Par Thierry Borsa

Alors que le cerveau est incapable de régénérer les neurones endommagés ou perdus, une expérience menée par des chercheurs de l'INSERM montre qu'il est possible de reprogrammer des cellules gilales en nouveaux neurones. Une avancée importante vers une meilleure prise en charge, à terme, des maladies neurodégénératives ou des suites d'AVC

peterschreiber.media/iStock
Des chercheurs de l'INSERM sont parvenus à reprogrammer des cellules gliales en neurones
Cela représente une avancée importante puisque le cerveau ne peut pas naturellement remplacer les neurones perdus ou endommagés
Il faudra toutefois du temps pour que ces travaux puissent être utilisés pour traiter des patients

Et si l'on pouvait régénérer les neurones perdus ? C'est l'immense espoir que font naître pour les patients atteints de maladies neurodégénératives ou d'AVC les travaux de chercheurs de l'INSERM qui sont parvenus en laboratoire à transformer des cellules non neuronales du cerveau en nouveaux neurones. Leur étude vient d'être publiée dans la revue Cell Stem Cell.

Les neurones sont en effet, dans l'état actuel de la science, impossibles à régénérer. Une fois qu'ils sont endommagés ou perdus, c'est pour toujours. Ce qui rend de nombreuses pathologies du système nerveux central, Alzheimer, Parkinson, l'épilepsie ou les suites d'AVC impossibles à guérir. Les travaux menés par les chercheurs de l'INSERM% et de l'université Claude Bernard de Lyon, même s'ils sont encore très loin de pouvoir être utilisés pour traiter des patients montrent qu'il est possible, sur un modèle de souris, de transformer des cellules gliales du cerveau, celles qui entourent les neurones et participent au contrôle de l'environnement chimique et électrique en leur fournissant des nutriments et en éliminant leurs déchets, en nouveaux neurones.

Des neurones aux propriétés comparables à ceux qui avaient été détériorés

"Lors de la mort neuronale, les cellules gliales présentes dans l'environnement direct des neurones endommagés réagissent en se multipliant sans que cette réponse résolve le problème", souligne le communiqué de l'INSERM. Les chercheurs sont partis de cette observation de la prolifération des cellules gliales en y sélectionnant les gènes impliqués dans la genèse des neurones. Et en forçant l'expression de ces gènes, ils sont parvenus à reprogrammer des cellules gliales pour en faire des neurones aux propriétés comparables à ceux qui avaient été détériorés par la maladie.

Une expérience menée sur les neurones impliqués dans l'épilepsie

L'expérience a porté sur des neurones inhibiteurs dont la perte joue un rôle dans la survenus de crises d'épilepsie. Et des analyses électrophysiologiques ont montré que les neurone issus de cellules gliales reprogrammées étaient bien des neurones fonctionnels capables d'inhiber les neurones voisins responsables des crises d'épilepsie.

"Ces résultats révèlent le potentiel thérapeutique de cette stratégie de reprogrammation cellulaire pour combattre une pathologie comme l'épilepsie mésio-temporale, une aubaine dans le cas précis de cette maladie pour laquelle 30% des patients qui en sont atteints sont réfractaires aux traitements pharmacologiques", souligne le chercheur Christophe Heinrich, concepteur de cette étude. Et ce succès dans une expérience de reprogrammation des cellules gliales en neurones pourrait, à terme, se généraliser à d'autres pathologies liées à des dommages causés aux neurones ou à leur perte.